Quand Pokémon Go rapproche la Corée du Nord de la Corée du Sud
Pokémon Go, une application pour smartphone, envoie ses joueurs se promener dans le monde réel pour attraper des petits monstres virtuels. L'appli fonctionne grâce aux cartes Google et l’usage de ces cartes est sévèrement limité par le gouvernement sud-coréen pour des raisons de sécurité. Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre et Séoul exige que Google floute certaines zones militaires sensibles. La Corée du Sud interdit aussi à Google d’enregistrer ses données cartographiques sur des serveurs à l’étranger.
En conséquence, Pokémon Go est bloqué en Corée du Sud... sauf à Sokcho ! Ce petit port de pêche endormi, situé à quatre heures de route de Séoul et tout près de la Corée du Nord a été inclus par erreur dans une zone autorisée.
Une véritable aubaine pour la ville, qui voit affluer des milliers des chasseurs de Pokémon
Pour faire plaisir aux enfants, bon nombre de familles ont décidé d’y passer leurs vacances. Les hôtels affichent complet, les agences de voyages offrent des packages Pokémon, les restaurants de la ville ont déployés des banderoles assurant aux joueurs qu’ils peuvent recharger leurs batteries dans leur établissement.
Des réductions sont même offertes aux clients qui ont attrapé le plus de petits monstres. Lors de ma visite de la ville, j’ai vu de nombreux enfants marcher le nez sur leur smartphone. La police locale a d’ailleurs augmenté les patrouilles, pour prévenir les accidents de joueurs qui marchent sans regarder devant eux ! Une enquête menée chez les 10-30 ans a révélé que 75% d’entre eux prévoient d’aller à Sokcho pour y jouer à Pokémon.
Le maire de la ville paie aussi de sa personne
Même si le jeu est en théorie interdit, le maire de la ville de Sokcho a décidé de jouer à fond la carte du tourisme Pokémon : il multiplie les interviews dans la presse, il se déguise en un des personnages du jeu pour poser à côté des visiteurs, et il a diffusé une vidéo Facebook où il attrape un Pokémon dans son bureau de la mairie. Il a aussi augmenté les points wifi gratuits et les bornes de recharge de batterie dans sa ville. Sans oublier, bien sûr, de conseiller au passage aux joueurs de goûter le calamar farci, la spécialité culinaire locale ! Mais il n’est pas sûr que cet engouement et que ce lobby des joueurs de Pokémons suffiront pour convaincre le gouvernement d’autoriser Google à se servir des cartes sud-coréennes. Le bras de fer continue entre Séoul et l’entreprise américaine. Mais en attendant, la ville de Sokcho continue de faire des affaires.
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