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Reportage
Guerre en Ukraine : au Monténégro, des milliers de Russes sont en exil où ils peuvent "envisager les choses de manière plus stable"

C'est l'une des conséquences de la guerre en Ukraine : ces derniers temps, la côte du Monténégro prend des faux airs de Sotchi sur Adriatique.
Article rédigé par franceinfo - Louis Seiller
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le port de Budva sur la côte du Monténégro, le 16 mars 2022. (SAVO PRELEVIC / AFP)

Cela à de quoi surprendre quand on se balade au Monténégro. Dans les rues ou dans les cafés Budva, une des grandes villes de la côte monténégrine, on n'entend parler presque que du russe ces derniers mois. Sur les murs, il y a même des affiches pour des concerts d'artistes russes, le tout, écrit dans la langue de Pouchkine.

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Au Monténégro, la présence et l'influence russe sont assez anciennes, puisque les autorités ont longtemps favorisé le tourisme et les investissements en provenance de Russie, notamment dans le nautisme de luxe. Mais depuis le 24 février 2022, le nombre de citoyens russes dans le pays a littéralement explosé. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, ils ont été plus de 200 000 à entrer au Monténégro depuis l'invasion de l'Ukraine.

20 000 à avoir obtenu un permis de résident au Monténégro

Beaucoup de ces Russes cherchent à fuir le régime de Vladimir Poutine, et à s'installer dans le pays. Il y a d'abord eu une première vague d'arrivées au printemps dernier et une deuxième après que le président russe a décrété la mobilisation partielle en septembre. Il faut savoir que les Russes, mais aussi les Biélorusses, n'ont pas besoin de visa pour entrer au Monténégro, et ils peuvent donc arriver directement à l'aéroport via la Turquie.

Aujourd'hui, ils sont plus de 20 000 à avoir obtenu un permis de résident dans le pays, et ils s'organisent dans leur nouvelle vie d'exilés. Des écoles privées ont par exemple ouvert sur la côte Adriatique afin de scolariser leurs enfants, comme ceux de Mila. À Moscou, cette mère de famille de 37 ans était la responsable d'une salle de spectacle prisée de la scène alternative.

Cette salle a été fermée par les autorités russes, et ses murs tagués de la lettre Z. Depuis novembre, Mila et sa famille tentent de refaire leur vie dans une station balnéaire du Monténégro. Dans leur quartier, toutes les maisons sont louées par des familles russes ou biélorusses : "Ici, nous pouvons rester avec un permis de résidence, ce qui nous donne des opportunités. Et la nouvelle école où vont nos enfants m'a proposé de devenir leur responsable artistique et d'organiser des événements ici. Grâce à ce travail, je pourrais obtenir un permis de séjour prolongé et envisager les choses de manière plus stable."

Des réfugiés ukrainiens bienvenus dans le pays

Ces milliers de nouvelles installations. Elles vont entraîner des changements profonds pour ce petit pays de seulement 620 000 habitants. Surtout que le Monténégro, qui a condamné l'invasion russe, accueille aussi de nombreux réfugiés ukrainiens. Pour l'instant, ces changements démographiques, ils ne sont pas vraiment la priorité des dirigeants monténégrins, et du côté de la population, on se montre plutôt bienveillants à l'égard de ces exilés russes.

"Je les soutiens absolument, explique Maja Raicevic, une figure de la société civile locale. Je tiens à ce que le Monténégro soit un pays ouvert qui accepte des personnes d'autres nationalités, et qui cultive un certain multiculturalisme." Selon des données récoltées par Agence de l'Union européenne pour l'asile, les réfugiés ukrainiens, seulement, représenteraient près de 5% de la population du pays.

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