Guerre en Ukraine : le canton de Genève n’a jamais autant gagné d’argent que depuis l’invasion russe
Grâce à l’envolée des prix, les sociétés suisses de négoce de matières premières ont réalisé des profits records en 2022.
La Suisse n’a peut-être pas de pétrole, mais elle a mieux : elle a des sociétés de négoce de matières premières. Avec la guerre en Ukraine et l’envolée des prix, elles ont fait des profits record l’an passé. Plus de profits signifient davantage d’impôts. Résultat : le canton de Genève n’a jamais autant gagné d’argent que depuis que la Russie a envahi l'Ukraine. Une manne inespérée, et presque gênante.
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Un excédent de 1,3 milliard de francs suisses
Aussi, en présentant les comptes 2022 du canton, la ministre des Finances de Genève, Nathalie Fontanet, se savait attendue au tournant. Car effectivement, Genève a enregistré un excédent record de 1,3 milliard de francs suisse - 727 millions au final, après remboursement d'une partie de sa dette. Pas question pour autant de dire que Genève profite de la guerre : "L'ensemble des sociétés que nous avons chez nous sont des sociétés qui se sont conformées aux sanctions, assure cette dernière. Donc c'est pour moi un peu simple de dire que nous en avons profité. Nous avons un tissu économique dont l'activité n'a pas été perturbée dans le cadre des différentes crises que nous avons traversées."
Même discours de la part des sociétés de négoce et de transport maritime. Florence Schurch dirige le STSA, l’association qui les regroupe : "Il est vrai que cette volatilité est venue à cause des sanctions, concède cette dernière. Mais il ne faut pas oublier que tous ces gens et toutes ces entreprises payent des impôts qui sont redistribués à la population. Moi, je pense qu'en France, vous êtes toujours très contents quand les entreprises font des bénéfices. C'est toujours mieux que des entreprises en déficit qui licencient des gens, non ?"
Des profits records qui interpellent
La santé économique insolente de Genève interpelle quand même quand on voit les profits record des plus de 300 entreprises de négoce installées au bord du lac Léman.
Trafigura, le deuxième plus gros marchand de pétrole au monde a fait plus de bénéfices en 2022 que pendant les quatre années précédentes. Gunvor, le principal négociant de gaz naturel liquéfié a, lui, fait plus de chiffre en un semestre que pendant toute l’année 2021. Et on pourrait empiler les exemples. Le problème, c’est que tout cela se fait dans une grande opacité, de sorte qu’on ne sait pas toujours si les entreprises respectent le régime des sanctions contre la Russie.
L’ONG Public Eye réclame, depuis le début du conflit, que la Suisse se dote d’une autorité de surveillance du secteur du négoce des matières premières. Et instaure un impôt sur les bénéfices exceptionnels tirés de la crise.
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