Sport, quotidien idéalisé, nucléaire... En Corée du Nord, les séries télévisées comme outils de propagande
Une étude s'intéresse aux feuilletons télévisés diffusés en Corée du Nord. Ils fournissent beaucoup d’informations sur les nouvelles priorités du régime et sur la société.
L’un des principaux outils de la propagande est bien sûr la télévision. Une étude s’est ainsi intéressée aux séries télévisées diffusées en Corée du Nord. Elles fournissent beaucoup d’informations sur les nouvelles priorités du régime et sur la société nord-coréenne.
Alors qu'autrefois, dans les feuilletons nord-coréens, le héros était souvent le valeureux soldat, l’ouvrier ou le paysan, aujourd'hui il s'agit plutôt du scientifique, du technicien et du sportif. Cette tendance s’est amplifiée sous le règne du dirigeant actuel, Kim Jong-un.
Le sport comme message politique
Cela explique en partie la raison pour laquelle Pyongyang tient tant à envoyer une délégation de 500 représentants aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, qui débuteront vendredi 9 février 2018. Le régime va jusqu’à associer le sport à son programme de missiles. Le film Cours jusqu’au ciel, sorti en 2000, raconte l’histoire de la championne du monde de marathon Chong Song-ok. Quand elle franchit victorieusement la ligne d’arrivée, en criant le nom de "son cher dirigeant", le montage montre en même temps l’envol stylisé d’une fusée.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, Kim Jong-un a renforcé cette priorité donnée au sport. Il a fait construire des piscines, des stations de ski et il se sert de la figure du sportif pour envoyer des messages politiques. Un récent feuilleton raconte ainsi l’histoire d’une jeune joueuse de football ambitieuse et intelligente, mais dont les méthodes peu orthodoxes froissent la vieille garde. "C’est exactement l’image que Kim Jong-un veut projeter de lui-même", souligne Jean Lee, auteure d’un passionnant rapport sur les feuilletons nord-coréens contemporains.
Une vie quotidienne idéalisée
Jean Lee montre que ces séries télévisées révèlent "un changement des priorités sociales" : autrefois, il fallait être avant tout loyal envers l’armée et le parti, tandis qu'aujourd’hui, c’est plutôt la famille qui est mise en avant. Sur les murs des appartements du feuilleton Nos voisins, les portraits de famille ont ainsi remplacé ceux des "grands leaders". Ces feuilletons continuent néanmoins à mettre en scène une vie quotidienne telle que le régime l’idéalise, la vie des élites avec des appartements flambants neufs, une télévision et un frigidaire. Par exemple, le feuilleton Jeunes chercheurs met en scène des lycéens utilisant des ordinateurs portables et des drones.
Même s'il n'est pas question de parler de malnutrition ou de camps de concentration, ces séries ne cachent pas certaines difficultés de la vie quotidienne. On y évoque par exemple les pénuries d’électricité, les coupures d’eau et des 20 étages qu’il faut à monter à pied, avec des seaux d’eau, quand l’ascenseur est bloqué, faute de courant. Il est aussi question dans les intrigues des tensions conjugales ou des disputes entre voisins... Des problèmes qui se résolvent d’un coup de baguette magique quand tout le monde saute de joie et s’embrasse en apprenant le tir réussi d’un missile intercontinental.
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