Suisse : le ski alpin face à la montée des préoccupations environnementales

Aucune revendication n'a été faite après la dégradation de canons à neige début janvier dans la station de Verbier, dans le domaine des 4 Vallées, au sud de la Suisse, mais tout porte à croire que c'était une action écologiste. Pour les militants pour le climat, le ski est une pratique du passé qui n'est pas compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.

Dans les faits, face au manque de précipitations, la neige artificielle recouvre déjà plus de 50 % des pistes de ski du pays. Un chiffre en constante augmentation. Les actions des militants pour le climat sont là pour alerter sur cette "aberration écologique". 

"Des câbles de commande ou bien des conduites d'eau ont été sectionnés, constate Laurent Vaucher, directeur des remontées mécaniques de la station de Verbier. Dans d'autres stations, il y a même eu des perches qui ont été coupées avec une disqueuse".

Les canons à neige moins polluants que la voiture

L'employé au domaine des 4 Vallées explique que lui et ses collègues ne comptent pas "ignorer le changement climatique", en prenant l'exemple justement de "Verbier [où] toute la consommation d'énergie électrique provient des barrages. Donc s'attaquer aux remontées mécaniques, je crois que c'est attaquer une fausse cible".

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Ce ne sont en effet pas les canons à neige qui sont responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre dans les stations de ski, mais les voitures : 70 % du bilan carbone est lié au transport des touristes de chez eux jusqu'au pied des pistes. Ainsi, certains Suisses se disent que si le ski pollue trop, peut-être faudrait-il arrêter tout simplement de skier.

De plus en plus de skieurs victimes de "skischam"

La honte naissante de faire du ski a un nom allemand : le skischam. "Les Suisses ont gentiment remarqué qu'il y avait quand même des conditions climatiques changeantes, qu'il y avait moins de neige, moins longtemps", constate Nadia Rytz. Cette Suissesse a raccroché son matériel il y a quelques années après une énième sortie par plus de 15 degrés sur de la neige artificielle.

"Les gens commencent à se poser des questions, observe cette militante active pour le climat. Au niveau des jeunes surtout, qui refusent de plus en plus à aller skier et qui dénoncent ce plaisir immédiat et destructeur de la nature". 

Nadia Rytz fait partie de cette génération jeune et engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais il est vrai qu'en Suisse, le ski ne passionne plus autant les foules qu'avant. Les images en début de saison des domaines fermés, faute de neige, y sont sans doute pour quelque chose.

Les professionnels du ski alpin eux aussi inquiets

"Quand on voit ces pistes blanches entourées de végétation entièrement verte, les médias n'ont que des questions du type : 'Comment ça peut sauver Noël ?' ou 'Quelles pistes sont ouvertes ?', regrette Nicholas Bornstein, qui dirige l'association Protect Our Winters Suisse. Les discussions devraient être : 'comment est-ce qu'on agit maintenant contre la crise climatique ?'"

Tous les Suisses ne sont pas en train de jeter leurs skis en déchetterie pour sauver la planète. Mais le phénomène est bien réel. Les skieurs professionnels en sont conscients. Plus d'une centaine d'entre eux, inquiets pour le futur de leur sport, viennent de signer une lettre ouverte pour demander à la Fédération internationale de ski de prendre des actions concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique.