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Une organisation mystérieuse se présente comme un gouvernement en exil de la Corée du Nord

"Free Joseon", ce qui signifie "la Corée libre", est une mystérieuse organisation qui se présente comme un gouvernement en exil du pays dirigé par Kim Jong-un.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Ojardias
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un membre du groupe Free Joseon lit une déclaration de gouvernement provisoire. (CAPTURE D'ÉCRAN YOUTUBE)

Qui se cache derrière "Free Joseon", la mystérieuse organisation qui se présente comme un gouvernement en exil de la Corée du Nord ? Selon la presse américaine, ce groupe est suspecté d’avoir orchestré fin février 2019 l’attaque contre l’ambassade nord-coréenne à Madrid, au cours de laquelle du personnel avait été ligoté et des ordinateurs volés.

Free Chosun dit être constituée de dissidents au régime de Kim Jong-un.
Des opposants dont certains vivraient encore en Corée du Nord : la semaine dernière, l’organisation a mis en ligne une vidéo censée être filmée au Nord. On y voit un homme décrocher des portraits des dirigeants Kim Il-Sung et Kim Jong-il et les briser en les jetant au sol. Un geste passible de la peine capitale.

Le groupe vend aussi des visas virtuels pour la Corée du Nord, pour le jour où le régime tombera.

Le 1er mars, il mettait en ligne une déclaration, tournée à Séoul. Dans cette vidéo, une personne au visage flouté lit un texte: "Nous déclarons aujourd’hui que Free Joseon se constitue gouvernement provisoire de la Corée du Nord. [Nous] construirons une future nation sur la base du respect des Droits humains. Nous nous soulevons contre les criminels qui dirigent le pays et qui perpétuent depuis des décennies des crimes contre l’humanité."

Free Joseon a fait parler de lui pour la première fois il y a deux ans. Le groupe s’appelait alors Défense civile Chollima, et c’est lui qui avait exfiltré et protégé Kim Han-sol, le neveu de Kim Jong-un, après l’assassinat de son père.
On s’en souvient : Kim Jong-nam, demi-frère de Kim Jong-un, avait été tué à l’aéroport de Kuala Lumpur par deux femmes manipulées par des agents nord-coréens.
Avoir sous sa "protection" un membre de la famille régnante des Kim, qui bénéficie ainsi d’une forme de légitimité dynastique, peut être utile à l’organisation, si un jour elle tente de prendre le pouvoir au Nord.

Un groupe lié à la CIA ?

Mais qui sont les membres de Free Joseon ? Sont-ils vraiment des transfuges qui ont fui le régime ? À Séoul, les experts n’y croient pas trop : les déclarations de l’organisation sont en effet écrites dans un coréen très étrange, qui semble être traduit directement de l’anglais. Pour Do Hee-yoon, de l’ONG Korea Freedom Front, Free Joseon veut se faire passer pour un groupe de transfuges, mais elle se sert des réfugiés comme d’une façade.

L’organisation pourrait avoir été fondée par des Coréens de la diaspora, peut-être aux États-Unis. Elle pourrait aussi avoir été créée par un service secret étranger.
Free Joseon est suspectée d’avoir orchestré l’attaque de février 2019 contre l’ambassade nord-coréenne à Madrid, et les enquêteurs espagnols affirment que deux des assaillants auraient des liens avec la CIA, l’agence d’espionnage américaine.

Le mystérieux groupe n’a en tout cas pas revendiqué l’attaque et continue d’alimenter les plus folles spéculations.

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