Cet article date de plus de quatre ans.

En route vers Paris 2024. Il suffira d'un souffle

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo, des Jeux aujourd'hui reportés à 2021. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau.

Article rédigé par franceinfo - Cécila Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Entre le mur et son dos, Cécilia Berder fait rouler une balle de massage pour calmer les tensions musculaires et préparer son épaule au combat. (AUGUSTO BIZZI)

"Il suffira d’un souffle, un matin. Un matin tout tranquille et serein. Quelque chose d’infime, c’est certain." En modifiant très légèrement les paroles d'une chanson de Jean-Jacques Goldman, le chanteur s'avère être un très bon conseiller en préparation mentale.

Car, embarqué dans notre tumulte du quotidien, on a parfois tendance à oublier de respirer. Si on ne prend pas ce temps pour nous, ce temps mérité, ce temps nécessaire, il y a très peu d'endroits où quelqu'un vous apprendra ou vous demandera de souffler. La méditation repose sur de nombreuses techniques de respiration et s'avère être un outil très efficace dans la gestion de nos challenges quotidiens.

"C'est pas pour moi"

Souvent, quand on parle méditation, une bonne partie de l'auditoire rejette cette idée avec une phrase telle que "olala, ça c'est pas pour moi..." Je comprends car je me disais la même chose. On est en 2014. Ma préparatrice mentale me conseille de me lancer dans la méditation. A une époque où je ne croyais que dans l'intensité totale presque féroce d'une préparation physique, m'imaginer m'asseoir et ne rien faire m'effraie. Elle n'insiste pas et me laisse juste avec un "ça pourrait te faire du bien".

Alors, j'ai tenté ma chance. Je me suis laissée séduire, je me suis assise et j'ai respiré. Quelques mois après avoir découvert la méditation, je me suis retrouvée en finale des championnats du monde après une journée idyllique, où j'étais plus calme, complètement consciente de l'événement et des enjeux.

La simplicité de l'activité

On entend régulièrement parler des bienfaits d'une telle pratique mais parfois une certaine réticence persiste. Car quand on ne connaît pas encore la méditation, il est assez facile de vouloir rattacher cette pratique à une certaine spiritualité, voire complexité. Le vocabulaire n'aide pas. Quand les premières fois, j'entendais parler de mindfulness, de body scan, de capacité attentionnelle, de respiration yogique, de cohérence cardiaque... Je pensais ne pas pouvoir m'en sortir sans un bac scientifique en poche.

Mais je me suis quand même assise et j'ai respiré. Seule, rien que pour moi. Les premiers instants, je pensais à tout sauf à ma respiration. Toutes les pensées parasites possibles défilaient sous mes yeux. Mais ce n'était pas grave. Le plaisir de la méditation réside aussi en cela : on peut se tromper sans aucune conséquence. On a le droit de rater. On a le droit de partir ailleurs, de voyager, de se perdre, de ne plus suivre son fil de pensée. L'essentiel est de se reconcentrer sur sa respiration dès qu'on a senti que notre attention s'était fait la malle. Plus la pratique devient quotidienne et régulière, plus il est facile de se reconnecter à son souffle.

Aucune attente, aucune ambition

Finalement, quand je médite, je n'ai aucune attente, aucune ambition. De tels lieux de liberté restent assez rares. Méditer, c'est simplement quelques minutes où "j'inspire, j'expire... je pense à autre chose ? C'est ok, je me recentre sur la respiration." On peut vraiment y voir un petit jeu de conversation avec son corps. On écoute ses tensions, ses points de blocage. On s'amuse à déplacer notre respiration dans une zone plus crispée. "J'ai mal au pied ? Et si j'y apportais un souffle d'air frais?"

La pratique peut se réaliser en étant allongé, assis, debout. Libre à chacun de fixer la durée. Au fil de la pratique, les préfèrences et les bénéfices ressentis seront plus précis.

Pour aller à la rencontre de la méditation, des applications peuvent très bien servir de tremplin. Méditer avec une application, c'est un peu comme réaliser une séance de musculation avec l'aide d'un préparateur physique. Le préparateur physique ne va pas soulever les barres à votre place mais sa simple présence permet de définir un cadre, de vous soutenir et de vous guider sur le chemin de l'inspire et de l'expire...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.