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En route vers Paris 2024. L'haltérophilie, un sport de stratèges

Cécilia Berder, membre de l'équipe de France d'escrime, revisite l'actualité olympique en vue des Jeux de Paris en 2024.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le français Benjamin Hennequin aux Jeux Olympiques de Londres le 4 août 2012. (MAXPPP)

Les championnats du monde d'haltérophilie à Ashgabat (Turkménistan)  du 3 au 10 novembre

Pour performer en haltérophilie, une bonne dose d'agressivité pour tirer fort sur la barre et de la fluidité pour réaliser le geste parfait restent des éléments indispensables.

Mais pour remporter la compétition, des qualités de stratège semblent tout aussi essentielles. Beaucoup d'haltérophiles le disent : "La performance se trouve 30% dans les muscles, 70% dans la tête."

L’entraîneur tacticien

La présence de deux entraîneurs sur le lieu de la compétition illustre l'importance de la stratégie dans ce sport. Un des entraîneurs reste au plus près de l'athlète pour le mettre en condition musculairement, techniquement mais aussi mentalement. Le second, au cœur de la stratégie, observe les adversaires dans la salle d'échauffement, analyse leurs états de forme et leurs capacités à soulever lourd, informe l'autre coach du temps qu'il reste avant de monter sur le plateau et surtout indique le poids que l'athlète doit soulever pour l'emporter.

Renaud Lechevalier, auteur du livre La Nouvelle Haltérophilie et entraîneur de l'équipe de France jeunes, nous parle de l'intensité de ce rôle indispensable du coach tacticien : "Il faut être vigilant et ne pas se laisser distraire par l'échauffement de l'athlète et ne pas trop s'impliquer émotionnellement. C'est très épuisant et très enrichissant, cela demande une concentration de chaque instant. Pour éviter de laisser trop de place à nos émotions, le coach tacticien reste dans la salle d'échauffement, ne voit quasiment rien de la salle de compétition et communique énormément avec l’entraîneur au plus près de l'athlète."

Une relation de confiance  

Au moment de définir le poids de la barre, la décision du coach tacticien peut amener l'athlète à la victoire comme à la défaite. La confiance entre l’entraîneur et l’entraîné doit être optimale, et elle se travaille au quotidien selon Renaud Lechevalier : "On ne mettra jamais sur la barre un poids dont on pense que l'athlète ne peut pas le soulever. À partir du moment où cette confiance est créée, l'athlète vous suit les yeux fermés".

L'athlète et les deux entraîneurs doivent être capables d'ajouter de l'imprévu à leur stratégie. "Des essais qui s'éternisent, un plateau qui doit être nettoyé, du sang sur une barre car elle a râpé les tibias de l'athlète avant notre passage... Il existe beaucoup d'imprévus et d'aléas dont on n'a pas la maîtrise. On doit être capable de conserver un état de concentration optimal, de canaliser l'agressivité de l'athlète pour qu'au moment d'arriver sur le plateau, l'engagement soit total," explique le technicien.  

Une partie de poker

Les athlètes peuvent crier et débordent souvent d'agressivité en salle d'échauffement, mais pour Renaud Lechevalier la partie de poker se joue ailleurs. "En athlétisme, quand vous courez le 100 mètres en 9'80, vous n'allez pas le courir du jour au lendemain en 9'50. En haltérophilie, c'est la même chose, on connaît à peu près le niveau de performances des athlètes. La partie de bluff se joue sur des montées de gammes. Autrement dit, ce sont des athlètes qui décident de monter très vite en poids, ils s'échauffent ainsi plus tard que les autres et ils laissent à penser qu'ils vont soulever lourd. Cet échauffement retardé ne veut pas forcément dire qu'ils vont soulever si lourd mais il laisse à penser que..."

Une prime à la prise de risques 

Un nouvel aspect stratégique est apparu à la suite d'un changement de règles. Auparavant, si deux athlètes soulevaient la même barre, le plus léger l'emportait. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. "Il y a désormais une prime à la prise de risques, explique l’entraîneur tricolore. En cas d'égalité, c'est celui qui a soulevé en premier la charge qui l'emporte. Donc celui qui ose tenter la barre lourde dès le départ, s'il la réussit, pousse forcément l'adversaire à soulever plus lourd".

Pour aller plus loin

Lors d'un championnat du monde, les athlètes participent à deux épreuves, l'arraché et l'épaulé jeté. Ils ont le droit à trois tentatives par discipline. Chaque athlète concoure selon sa catégorie de poids. Pour les Jeux de Tokyo en 2020, il y en aura sept dans chacun des sexes.   

Retrouvez toute l'actualité des championnats du monde.

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