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En route vers Paris 2024. La mixité à l'entraînement

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo en 2020. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un sportif de haut niveau. Aujourd'hui, la mixité dans l'entraînement.

Radio France
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Photo multi exposée de Cécilia Berder à droite face à la russe Sofya Vélikaya en juillet 2015 à Moscou. Les entraînements mixtes avec des hommes sont source d'inspiration pour Cécilia.  (DAI TIANFANG / XINHUA)

Dans un sport confidentiel comme l'escrime et comme dans la majorité des sports olympiques, il existe peu de différences de traitements entre les équipes féminines et masculines. L’intérêt médiatique et les enjeux financiers sont similaires et faibles.

Pour preuve de cette ressemblance de traitement, depuis 2016, on s’entraîne dans un système de mixité. Nous sommes 24 athlètes, 12 filles et 12 garçons entraînés par quatre maîtres d'armes. Il y a un réel enjeu de management, non pas lié à la mixité, mais lié à ces 24 personnalités, et donc à ces 24 projets.

Des entraînements partagés

Il n'est pas envisageable aujourd'hui d'imaginer une compétition mixte. Mon sport d'explosivité ferait ressortir un trop grand écart physique entre les femmes et les hommes. Cela reviendrait à réaliser une course de 100 mètres entre les meilleurs sprinters des deux sexes. L'écart physique est bien réel.

Cependant, il est très utile pour les deux collectifs de partager certains entraînements. Lors des séances de travail de jambes, je prends un malin plaisir à me placer non loin des garçons, pour tenter de suivre leur vitesse de déplacement tout en tentant de conserver une bonne technique. Les sessions de préparation physique, basées sur les temps de réaction, l'équilibre, les appuis, le gainage, la souplesse, la proprioception (perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps), sont partagées et stimulantes pour l'ensemble du collectif. Une telle émulation permet d'affronter et d'échanger avec tous les types de gabarits.

Lors des séances de matchs, l'échange est aussi intéressant. Le curseur physique pour tenter de rivaliser devra être à fond pour la femme, sans en faire pâtir la technique ou la tactique. À l'inverse, l'homme se retrouvera face à un rythme, une tactique, des feintes qu'il ne connaît pas. Il devra pousser son curseur technique au maximum pour contrer les parades qui arriveront dans un temps inhabituel. Cela permet tout simplement aux athlètes de chercher dans des champs d'expertise méconnus, et de tester un geste plus difficile à tester sur des concurrents directs.

Il y a aussi un aspect mental évident

La femme se retrouve dans une position très souple où elle a tout à gagner si elle parvient à piéger l'athlète garçon. A l'inverse, lorsque les regards extérieurs se tournent vers l'assaut, l'homme n'a d'une certaine façon pas le droit à l'erreur. L'exercice permet de rechercher du relâchement et de la précision, qualités indispensables pour tout sabreur.

Les 1er et 2 février, le CSA en partenariat avec le ministère des Sports et le secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations renouvelle l’opération "Sport Féminin Toujours".

Retrouvez l'ensemble de ces mesures sur ce lien.

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