En un mot. Mon salon de coiffure, Mbappé, le foot et moi
Le mot de l'actu du jour est : quart. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.
Quart. Mot qui vient du latin quartum et qui signifie "quatrième". On oublie tout de suite. Nous, c’est pour la première place qu’on se battra demain.
J’ai dit quoi, là ? Nous… C’est quoi ce "nous", soudain, dans la bouche d’une fille qui ne supporte pas ces cris de bêtes devant un match de foot. C’est physique, je ne peux pas. Je tolère difficilement l’existence même de clubs de supporters, emmenés dans des bus bourrés de mecs bourrés. Parfois sympas, souvent limite niveau langage. Cette fille, qui adresse des sourires moqueurs à ces gars portant fièrement leurs packs de bières, dans les rues de Paris, en ce moment. Oui, moi, celle fille-là… J’ai dit "nous" en parlant des Bleus. Voilà où j’en suis. J’ai effectué une étrange remontada, le jour du match France-Argentine.
Ce jour-là, samedi dernier, j’avais pris rendez-vous chez le coiffeur. À 17 heures. Je ne percute pas que le match commence à 16 heures. Car jusqu’à ce jour, je le répète, je laissais aux autres, ce plaisir de beugler devant une télé. Je laissais ces plaisirs, aux commentateurs de matchs. Eux, je les adore, parce qu’ils font ça vraiment très bien. Du beau cinoche, digne d’un film de Martin Scorcese tourné avec Louis de Funès.
Où suis-je ? En Argentine ? En Uruguay ?
Donc, ce jour-là, c’est coiffeur-couleur. Ce salon est situé juste à côté d’un bar populaire, une brasserie du coin. "Allez, 25 minutes de pose de la couleur." Lui, c’est mon coiffeur. Il a une coupe de footballeur, mais il n’aime pas ca. Mon fils fait des allers-retours entre le salon de coiffure et le bar à foot. Il va de plus en plus vite. Il fait de plus en plus chaud dans Paris.
"But !" Je reste de marbre, couleur vissée sur la tête. Mon fils déboule en courant : "Il a marqué !" Moi : "Qui ?" Il repart fissa. Ça commence à m’agacer. Il y a une télévision dans le salon de coiffure, mais le patron a préféré mettre MTV à fond. Je l'interpelle : "On passe au bac ?" Le coiffeur, qui boit un thé brûlant : "Non, on laisse poser, madame."
"Buuut !". Cela résonne dans toute la rue. Où suis-je ? En Argentine ? En Uruguay ? C’est chaud, chaud, chaud. Je me lève, je vire ma tunique à couleur. Le coiffeur, écroulé de chaleur, ne bronche pas. Je sors, en courant, vers le bar à foot. Les têtes sont toutes penchées vers l’arrière, les yeux dévorant l’écran positionné en hauteur. Mon fils crie : "c’est Mbappé !"
En un mot : tout le monde se retourne vers moi. Et découvrent, hilares, une fille, avec de la couleur plein les cheveux, les poings serrés, priant pour la victoire. La fille commande une bière. Et crie, sans aucune gêne "Allez les Bleus !"
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