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En un mot. Un camp évacué, encore et encore et encore...

Le mot de l'actu du jour est : évacuation. Cela n'aura échappé à personne, surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des policiers anti-émeutes escortent des migrants et des réfugiés lors de l'évacuation du camp de fortune du "Millenaire" le long du Canal de Saint-Denis près de la Porte de la Villette, au nord de Paris, le 30 mai 2018. (GERARD JULIEN / AFP)

Évacuation. Mot qui vient du latin evacuere qui signifie : faire le vide. La police a donc fait le vide, mercredi 30 mai, dans le nord de Paris. Le vide, qui, on le sait, va aller se remplir ailleurs. Le camp, dit du "Millénaire", était né en décembre 2017. Né de quoi ? Né de la fermeture du camp humanitaire de la porte de la Chapelle. Cette sorte de bulle géante arrivée à saturation totale. Un camp humanitaire, né en novembre 2016, qui lui-même avait remplacé la multitude de camps, ou de tentes regroupées, dans le nord de la capitale, qui eux même avaient été remplacés par ….etc etc etc. On est là dans l’infini… l’éternel recommencement, sans que rien ne change, à part 2, 3 petites choses importantes.

Le dégout profond, qui s’installe dans les cœurs. Bien sûr, on entend, on lit, encore, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Ou bien : retourne chez toi, car ici il n’y a pas de travail… ou alors : commence par bosser, on verra après… Mais on entend, de plus en plus : serait-ce réellement Toute la misère du monde ? Est-on sérieux là ? À quand un début de solution ? Ces gens vont revenir, et revenir, sans cesse. Alors, il faut trouver autre chose à dire. ca, cette petite musique lancinante, commence à se diffuser, a se lire dans les regards lassés de ces images de camps "évacués". On entend des colères et des exigences: cessez de parler, trouvez une solution. On sent des actes radicaux qui s’installent, pour combler. Justement, ce vide dans lequel sont jetés les migrants. Certains extrémistes exaspérés, vont alors dresser des barrages, au col de l’Echelle.

D’autres sont jugés, comme Martine Landry aujourd’hui, pour avoir aidé des exilés mineurs, des enfants. Des enfants dont le placement avait été ordonné par un juge, affirme martine la sauveuse. "J’ai fait respecter la loi", dit-elle. Les extrémistes, dans les montagnes, eux aussi disent : "on fait respecter la loi. Ils n’ont pas de papiers, ils n’entrent pas. C’est la loi". Qui va réellement combler le vide ? Les extrêmes ? Les actes extrêmes ? Faut-il combler ce vide par un acte dur, un acte presque fou ? C’est exactement ce qu’a fait Mamoudou Gassama. Je ne dis pas qu’il y avait une arrière-pensée. Je ne dis pas cela du tout, car je ne le sais pas. Je dis que laisser les extrêmes prendre les rênes, n’est jamais bon, on le sait tous. Etat contre mairie de paris. Gardienne de la loi contre expulseurs sauvages. Acte remarquable et remarqué d’un exilé malien contre l’attente de tous les autres. Qui va, enfin, s’immiscer entre eux, et faire des choix ?

En un mot : "Mamoudou Gassama est le Spiderman du 18e arrondissement", a déclaré Anne Hidalgo. Espérons vivement que tout le monde n’aura pas enjambé des balcons pour combler le vide crée par les politiques.      

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