Cet article date de plus de deux ans.

Elisabeth Borne vue par l’opposition

Les réactions politiques ont été nombreuses après la nomination d'Elisabeth Borne en tant que Première ministre. Et certaines félicitations venant des oppositions ne sont pas très loin de ressembler... à des critiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Clément Viktorovitch dans Entre les lignes, sur franceinfo, le 17 mai 2022. (FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

Une femme Première Ministre, la première depuis 31 ans, voilà un signal auquel les porte-paroles de la Nouvelle Union Populaire (Nupes) ne pouvaient être insensibles ! Ils avaient critiqué la nomination de deux hommes à la fonction de Premier ministre, sous le quinquennat précédent. Cette-fois, Manon Aubry, Manuel Bompard, Alexis Corbière et Adrien Quatennens n’ont pu que se réjouir du choix du président de la République : elle et ils étaient respectivement sur RFI, France 2, LCI et France Info.

"Il était temps qu'il y ait une femme 30 ans après la précédente. / C'est sans doute le seul point positif de cette décision. /  C'est bien que ce soit une femme. / C'est quelque chose qui marque une évolution positive de la société." Une femme donc, enfin : il y aurait tout lieu d’en être content. 

Des félicitations... de quelques secondes

Néanmoins les différents interlocuteurs n'en restent pas là. Pour la Nouvelle Union Populaire, le véritable symbole, celui qui compte, est surtout politique. "C'est pas l'étiquette qui compte, c'est pour mener quelle politique ? / La question, c'est la politique qu'elle compte mettre en place. / Il faut regarder surtout ce qu'elle incarne politiquement. / C'est une femme qui a des convictions. Une femme politique. / Il se trouve qu'Elisabeth Borne à un bilan. / Son bilan parle pour elle-même. / Elisabeth Borne est quand même la ministre qui a mis en place la réforme de l'assurance chômage. / Celle qui a repoussé de deux ans l'interdiction du glyphosate. / Elle a été ministre de l'Écologie dans un mandat dont le président de la République a été condamné à deux reprises pour inaction climatique et environnementale, ça c'est son bilan." Les félicitations n’auront donc pas tenu plus de quelques secondes : avant d’être une femme, Elisabeth Borne est surtout une femme avec des convictions de droite, qui aurait pour bilan les réformes antisociales du précédent quinquennat.

Aucune raison d’espérer, donc, selon eux : leur opinion est déjà faite, et elle est définitive. "Le signal à mon sens est désastreux quand on voit à quel point elle a été la ministre du renoncement climatique et à quel point elle a été la ministre de la saignée sociale. / C'est un message de maltraitance sociale de maltraitance écologique. / De la maltraitance sociale et de l'irresponsabilité écologique qu'incarne Emmanuel Macron."  "Saignée sociale, maltraitance, renoncement climatique, irresponsabilité écologique" : pour la Nouvelle Union Populaire, aucun superlatif n’est trop fort pour qualifier l’action passée et à venir de la nouvelle Première ministre. 

D'autres formes de critiques pour le RN et Reconquête !

La Nupes n'est pas la seule opposition. Au sein de l’extrême droite, ou de la droite identitaire, pour le RN et Reconquête ! , les critiques n’ont pas traîné. Mais elles pivotent sur d’autres ressorts. Jordan Bardella et Éric Zemmour étaient mardi matin sur CNEWS et RTL : " Emmanuel Macron s'enferme dans un choix techno et on choisit un profil techno pour une raison très simple. C'est que madame Borne va se charger de mettre œuvre la feuille de route qui a été décidée par Emmanuel Macron, qui a peut-être un peu trop tendance à considérer le Premier ministre comme des collaborateurs. / Une fois de plus, une Premier ministre technocrate comme Jean Castex pour avoir la main sur tout. C'est un classique d'Emmanuel Macron." Ah ! Donc finalement, Elisabeth Borne ne serait pas une femme politique aux convictions bien ancrées, mais une simple techno transparente, qui témoignerait de la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron. 

Au final, qui a raison ?  Eh bien, tout le monde à la fois ! Elisabeth Borne est une femme ? C’est indubitablement un symbole fort. Elle a une formation davantage technique que politique ? C’est vrai. Elle vient des rangs du parti socialiste, comme se plait à le rappeler le camp présidentiel ? C’est un fait. Elle a mis en œuvre certaines réformes économiques très ancrées à droite lors du précédent quinquennat, comme pour la réduction des allocations chômages ? C’est, aussi, incontestable. Tout cela nous montre combien cette première nomination d’un Premier ou, en l’occurrence, d’une Première ministre est aussi un jeu sur l’image, l’image que souhaite renvoyer le gouvernement, mais, aussi, l’image à laquelle les oppositions cherchent à le renvoyer. Cela dit, ne soyons pas dupes : dans le cadre de la Ve République, si le président de la République obtient sa majorité, c’est sa politique, et nulle autre, qui sera appliquée. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.