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Yannick Jadot : la rhétorique du martèlement

Le candidat écologiste était dimanche en meeting au Zénith de Paris, pour le plus grand discours de sa campagne. Un exercice qui pourrait en réalité être le premier acte de campagne... pour 2027 !

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle en meeting au Zénith à Paris, le 27 mars 2022. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

On se souvient que cette même salle, le Zénith de Paris, avait été particulièrement cruelle pour Valérie Pécresse, au début de sa campagne. Mais dimanche 27 mars, les spectateurs étaient présents, Yannick Jadot a été très applaudi, son discours avait du rythme, bref, c’était un meeting efficace. Un exercice plutôt réussi en effet me semble-t-il, et pourtant, cela n’allait pas de soi ! Ce meeting était pour le candidat écologiste l'occasion de présenter son programme avec un mot qui est revenu très souvent : "Nous l'assumons / Nous savons / Nous connaissons / Nous écologistes / Nous sommes les seuls / Nous proposerons, [...] Nous les accompagnerons."

Le caractère collectif du projet

Yannick Jadot parle à la première personne du pluriel. Alors, rien de très étonnant, me direz-vous, et pourtant : il y a quelques mois maintenant, j’avais eu l’occasion de souligner combien le candidat écologiste avait tendance à utiliser une première personne du singulier avec redoublement d’insistante, le fameux "moi, je". C’est donc que sa rhétorique a évolué. Il a mis en cohérence le caractère collectif du projet qu’il défend avec sa manière de s’exprimer. Yannick Jadot a présenté des mesures concrètes et souligné les nombreux désaccords qui l'opposent à Emmanuel Macron. Mais il a aussi utilisé d'autres types de mots. "Le mouvement, l'espérance, l'innovation, l'audace sont écologistes. / C'est ça le vote écologiste. Le scrutin, de la vie, du climat et de la justice sociale. /  Un projet d'humanisme, un projet d'ouverture, un projet de solidarité, bref un projet de civilisation."

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Voilà, nous connaissons donc le socle de sa philosophie politique : le mouvement, l’espérance, l’innovation, l’audace, la justice sociale, l’ouverture, la solidarité, l’humanisme, l’harmonie, et même, la vie. C’est beau. C’est beau mais le problème, c’est que cela ne veut rien dire. Vous les avez reconnus, tout cela, ce sont des concepts mobilisateurs, des mots creux, vides, mais connotés positivement, qui font plaisir à tout le monde sans rien dire de concret à personne. Alors, il est normal, et même inévitable, d’en trouver quelques-uns parsemés au fil du discours, surtout ce type de grand meeting voué à soulever l’enthousiasme de la foule. Mais tout de même : là, ce sont de belles brochettes !

Des propositions concrètes et des concepts mobilisateurs, pour l’instant, tout cela reste très classique. Il y a néanmoins une chose qui sortait de l'ordinaire. Sur les 70 minutes du discours, il y a une phrase en particulier que l’on a eu l’impression d’entendre… plusieurs fois. "Plus nous serons forts le 10 avril, plus vous serez forts et plus le climat et la vie seront forts. / Plus nous serons forts le 10 avril, plus vous serez forts, plus le climat et la justice seront forts. / Plus nous serons forts le 10 avril, plus vous serez forts et plus le climat et la vie / Et plus ce mouvement de construction de la vie seront forts."

Des enseignements pour l'avenir 

Quatre fois la même phrase donc ! Alors, soyons clairs, ce n’est ni un hasard, ni une bévue, mais bien un choix. Il faut croire qu’il y a ici un élément de discours important pour Yannick Jadot, et en effet : il nous renseigne, tout simplement, sur la stratégie et, même, l’avenir du candidat écologiste.

"Plus nous serons forts au soir du 10 avril, et plus le climat et la vie seront forts." Le 10 avril, c’est le premier tour de l’élection. Vous noterez que Yannick Jadot ne dit strictement rien du second tour, encore moins d’une éventuelle victoire. Il nous confesse donc, en creux, qu’il n’a plus l’espoir de remporter l’élection présidentielle. Alors, au vu des enquêtes d’intention de vote, ce n’est pas une nouvelle bouleversante. Mais, venant de la part du candidat lui-même, c’est tout de même un aveu étonnant.

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Pourquoi, dès lors, voterions-nous pour un candidat qui envisage sa propre défaite ? Il nous le dit lui-même : pour que "l’écologie soit plus forte". Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Plus forte… par rapport à quoi ? On le comprend bien en creux : plus forte par rapport aux autres formations de gauche, dans la perspective, on l'imagine, de la recomposition politique qui suivra l'élection. Manifestement pour Yannick Jadot, c'est bien la campagne de 2027 qui a commencé dimanche.

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