Cet article date de plus de sept ans.

Six choses qu’on n'aurait pas imaginé faire depuis l’espace avant Thomas Pesquet

Après avoir passé six mois et demi dans la Station spatiale internationale, l’astronaute français Thomas Pesquet rentre vendredi sur Terre.  Voici six choses insolites qui ont marqué l’aventure de l'envoyé spatial de franceinfo. 

Article rédigé par Cécile Mimaut, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
À bord de la Station spatiale internationale, Thomas Pesquet photographie la Terre, fin décembre 2016 (ESA/NASA)

Après un séjour de près de six mois et demi dans la Station spatiale internationale (ISS), le Français Thomas Pesquet et son collègue russe Oleg Novitski prendront place vendredi 1er juin dans un vaisseau Soyouz qui atterrira environ 3h20 plus tard dans les steppes du Kazakhstan. Notamment chargé de mener sept expériences pilotées par le Centre national d'études spatiales (CNES) dans le cadre de la mission Proxima, Thomas Pesquet a aussi effectué avec succès deux sorties extravéhiculaires pour réaliser des travaux de maintenance à l'extérieur de l’ISS. Sur son temps libre, il a eu à cœur de partager son expérience via les réseaux sociaux et sur franceinfo où chaque semaine il nous a raconté son quotidien. Voici six choses insolites qui ont marqué l’aventure de notre envoyé spatial.

>>> DIRECT. Thomas Pesquet est désormais dans le vaisseau Soyouz qui doit le ramener sur Terre

Faire plus fort que Yann Arthus-Bertrand

Après la Terre vue du ciel, la Terre vue de l'espace ! Lancé à 28 000 km/h autour de notre planète, le paysage est vertigineux. Pendant les six mois de son séjour à bord de la Station spatiale internationale (ISS), Thomas Pesquet a partagé sur les réseaux sociaux des clichés impressionnants du globe, dont il a fait le tour 16 fois par jour. Des levers de soleil, des continents illuminés, les ocres du désert, le vert de l'Amazonie, la symétrie des villes américaines, les grandes capitales européennes, etc.

Toute la difficulté est de "passer au bon moment, dans les bonnes conditions. Chaque photo a ses paramètres. Une aurore boréale, une ville de nuit, une ville de jour... Ça ne se photographie pas pareil", nous a expliqué l’astronaute. "Notre planète paraît plus fragile vue de l'ISS. La Terre, c’est notre vaisseau spatial, avec des ressources limitées qu’il faut entretenir si l'on veut que le voyage continue", a-t-il encore confié.


Le tour de la Terre par Thomas Pesquet

>>> EN IMAGE. Votre sélection des plus beaux clichés de la Terre vue de la Station spatiale internationale.

>>> CARTE. Découvrez la France vue de l'espace en 61 photos de Thomas Pesquet

Lancer la Pitxuri au saxophone depuis l'ISS

Thomas Pesquet a eu la bonne surprise de découvrir pour son 39e anniversaire, le 27 février 2017, un saxophone, son instrument sur Terre, acheminé quelques jours plus tôt par cargo ravitailleur avec la complicité de la NASA. "Les gens du centre de contrôle à Houston l'ont dissimulé. Il a été chargé dans le véhicule cargo sans que je ne sache rien. Même dans la liste de tout ce qu'il y a dans le véhicule cargo, le nom a été maquillé pour ne pas que je le voie. C'était vraiment super sympa", nous a-t-il confié.

Jouer du saxophone en apesanteur, "c'est un peu bizarreNormalement, il pèse dans les mains mais là, quand j'appuie sur une touche, ça le fait flotter. Et puis je pense que sur l'anche, le petit bout de bois qui vibre et qui produit le son dans le bec du saxophone, la salive ne coule pas en fait. Donc parfois ça se bloque. Il n'y a plus de son". Ce qui n'a pas empêché notre envoyé spatial de lancer la Pitxuri (chanson basque aujourd'hui popularisée dans tout le Sud-Ouest grâce notamment aux férias) depuis l'espace lors d'une visioconférence avec son ancienne école Supaéro Toulouse. 

Inspirer la mode de Karl Lagerfeld

Le couturier Karl Lagerfeld est fasciné par la conquête spatiale. franceinfo l'a invité à interviewer Thomas Pesquet lors d'une liaison vidéo avec l'ISS, aux côtés des journalistes de franceinfo, Julien Moch et Jules Lavie. Une rencontre exceptionnelle organisée avec la complicité du magazine MixteLe célèbre couturier est un grand fan de l'astronaute et des missions spatiales. Il a pu poser toutes ses questions à Thomas Pesquet. Comment s'habitue-t-il à flotter dans l'air "comme un papillon qui vole" ? Est-ce qu'il bouge en dormant ? Est-ce qu'il prend des douches, des bains ? A-t-il la notion du temps qui passe ? Que mange-t-il ?

La mode a aussi été abordée lors de cet entretien. "Je l'admire ! Il a même inspiré la mode. Je me suis indirectement inspiré, pas seulement de là où il est, mais de sa personnalité", a confié Karl Lagerfeld. Thomas Pesquet a "un charisme que d'autres n'avaient pas". Celui-ci s'est dit "flatté" que le couturier s'inspire de l'espace pour ses collections. "Heureusement qu'il ne s'inspire pas de la mode des astronautes, polo et pantalon à scratchs ! Mais, c'est bien, ça veut dire que l'espace fait rêver les gens", a réagi l'astronaute.

Tourner un clip en apesanteur

Dans le silence de l’espace, l'équipage de l’ISS branche le son à tour de rôle pour agrémenter ses dîners de quelques notes. "Chacun à son tour propose sa musique. Ça peut être de la musique russe, américaine, les derniers hits. En général, les gens me demandent maintenant plutôt à moi parce qu’apparemment je suis celui qui a le plus prévu de musique, donc je suis en charge de la musique. Je suis DJ officiel de l’ISS", a plaisanté Thomas Pesquet, qui n'a pas caché son faible pour l'électro. "C'est de de la musique qui utilise tous les moyens à disposition au XXIe siècle. Je trouve ça sympa, ça ouvre énormément de portes et c’est pour ça que j’ai voulu faire une collaboration avec Yuksek par exemple, un DJ français".

Cette collaboration avec l'artiste rémois a pris la forme d'un clip, dont les images ont été tournées à l'intérieur de la station spatiale. On y voit Thomas Pesquet évoluer en apesanteur… mais pour les pas de danse "c’est pas vraiment mon rayon, confie-t-il. Déjà que sur Terre je suis assez catastrophique donc je pense que dans l’espace je vais m’éviter cet embarras pour l’instant".   

Sauter (littéralement) dans son pantalon

Thomas Pesquet s'est rapidement adapté à la vie dans l'espace et à l'apesanteur. Le Normand ne fait pas partie des 30% d'astronautes qui souffrent du mal de l'espace les premiers jours. "C'est agréable de flotter toute la journée. On ne sent pas le poids de son corps. On ne se fatigue pas. Il faut faire attention en prenant de la vitesse... J'ai déjà raté quelques atterrissages", commentait-il 15 jours après son arrivée sur l’ISS. 

L'absence totale de gravité dans l'espace peut aussi parfois engendrer des situations cocasses, comme tartiner son pain des deux côtés sans risquer de faire tomber la confiture ou encore sauter dans son pantalon. "C'est un truc bête que tous les enfants rêvent de faire sur terre, mais moi je peux le faire dans l'ISS. J'enfile les deux jambes à la fois et ça prend une seconde. C'est un moment un peu fun de se dire : Allez hop, je saute dans mon froc, tout bêtement", s’est amusé à nous raconter notre envoyé spatial. 

Manger une salade extraterrestre

Le premier végétal cultivé et consommé dans l’espace est une laitue romaine rouge. "Ici, c'est un environnement extrêmement technique, technologique, c'est pas très naturel à part les trois salades qu'on fait pousser dans le laboratoire Colombus", souligne Thomas Pesquet. Lundi 10 août, l’équipage a ainsi pu déguster les premières feuilles de cette laitue extra-terrestre.

Au-delà d’une simple expérimentation gustative, avoir la capacité de faire pousser sa propre nourriture est en effet pour les astronautes un enjeu majeur : cela pourrait avoir un impact sur leur santé aussi bien physique que psychologique. “Avoir de la nourriture fraîche disponible dans l’espace pourrait avoir un impact positif sur l’humeur des gens et offrir une certaine protection contre des radiations dans l’espace”, selon Gioia Massa, scientifique de la NASA travaillant sur le programme. "La nourriture fraîche, c'est un soutien psychologique important", a confirmé à franceinfo Jules Grandsire, du Centre européen des astronautes. De quoi réconforter les futurs voyageurs vers Mars !


À bord de l’ISS, on déguste des salades... par Futura-Sciences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.