Expliquez-nous... l'Islande
Les 330.000 Islandais connaissent a priori le sens de l'effort, voir du sacrifice. S'ils ne l'ont pas vecu directement eux-mêmes, tout le monde, dans ce petit pays, connait quelqu'un -un parent, un ami, un voisin- qui a payé très cher la crise financière de 2008.
En 2008, la faillite d'un pays
Cette année-là, c’est l’ensemble de l’économie islandaise qui s’est arrêtée. Lorsque Lehman Brother’s a fait faillite, vu la politique d'endettement et le gonflement des bilans de plusieurs banques locales, trois banques islandaises se sont écroulées moins de trois semaines plus tard. L’Islande est sans doute passée trop vite d’un pays de pêcheurs au paradis des banques.
Finalement, l’Islande a laissé ses banques faire faillite, en ne préservant que les comptes des Islandais. Puis les trois principales banques du pays ont été nationalisées. Les pouvoirs publics islandais ont payé un prix très élevé pour ce sauvetage, avec à la clef une crise politique et sociale. Le pays a réduit ses dépenses publiques, augmenté les impôts et les salaires ont été gelés. Les Islandais, eux, se sont serrés la ceinture.
Huit ans après, indicateurs au beau fixe
Le pays s'en est-il sorti pour autant ? L'Islande a remboursé intégralement le FMI, même si la dette publique reste encore importante. La reprise économique islandaise se confirme : la plupart des indicateurs sont au beau fixe. Croissance en hausse, taux de chômage en baisse.
L’économie islandaise a des atouts : la pêche représente 40% des exportations, l’énergie y est abondante et en quasi-totalité renouvelable, grâce à la géothermie et l'hydroélectricité. Son tourisme en pleine expansion, sa main d’œuvre est bien formée, et de nouvelles filières se développent.
La mémoire des Islandais
Bref, tout va bien ou presque. Sauf que les Islandais ont une bonne mémoire. Ils se souviennent s'être serrés la ceinture, et avoir échappé de peu au pire. Ils ont aujourd'hui une confiance toute relative en leur classe politique, leurs élites et tous ceux qui avait fermé les yeux sur les manquements des banques, dans les années 2000.
Depuis 2013, le gouvernement de coalition est dirigé par Sigmundur David Gunnlaugsson. Un homme du Parti du Progrès, censé incarner une rupture avec le passé.
Fragilité
Malgré les bons résultats économiques, cette coalition n'est pas très solide. Le mécontentement des Islandais reste alimenté par l’aggravation des inégalités sociales, et les vestiges de la crise financière ; le tout, sur fond de crise du logement. Au printemps 2015, il y avait d'ailleurs eu de nombreux mouvements sociaux.
Vous imaginez donc bien que quand ces Islandais ont appris que leur premier ministre était soupconné d'évasion fiscale, leur sang froid est monté à ébullition.
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