Expliquez-nous... La consommation de somnifères en France
Un Français sur trois dit mal dormir. 10 millions de Français ont recours à des somnifères. Alors que le magazine 60 Millions de consommateurs alerte, dans son dernier hors-série, sur la consommation de somnifères à base de benzodiazépine, focus de franceinfo sur le recours à ce type de médicaments en France.
La France gros pays consommateur de benzodiazépines
Sur huit pays européens ayant fourni des données permettant des comparatifs, la France arrivait en 2015 en tête de la consommation de benzodiazépines derrière l'Espagne. Un Français sur huit a consommé au moins une fois un médicament de ce type. Les pays où on en consomme le moins sont l'Allemagne et le Royaume- Uni.
Les benzodiazépines, ce sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central, qui traitent, entre autres, l'anxiété et les troubles du sommeil et qui sont commercialisées depuis les années soixante.
Vingt benzodiazépines et apparentés sont actuellement commercialisés en France rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament. Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires mettent en garde contre les effets secondaires potentiels de ces médicaments (cas de somnolence, de comas, de convulsions, altération des capacités à conduire, affections psychiatriques -comme des états confusionnels- risques de chutes, notamment chez les personnes âgées...), mais aussi sur les risques d'une double dépendance: pharmacodépendance (réaction de l'organisme à la prise de molécule) qui peut apparaitre au bout de trois à six mois (parfois plus tôt) et dépendance psychologique: le somnifère devient un rituel du coucher, banalisé. On prend un somnifère pour se rassurer sur le fait d'arriver à dormir, y compris parfois sur le long voire le très long terme (alors que la durée préconisée pour relancer le sommeil est d'un mois maximum).
Des habitudes très ancrées d'usage et de prescription
D'après le dernier état des lieux de l'Agence nationale de Sécurité du Médicament, dans 82 % des cas, les traitements sont initiés par un médecin généraliste.
Dans 76 % des cas, la durée du premier épisode de traitement est inférieure ou égale à 28 jours. Cela dit, de 2012 à 2014, plus d'un nouvel utilisateur sur dix a eu un premier épisode de traitement d'une durée non conforme aux recommandations. Dans 2 % des cas, la durée prescrite a été de plus d'un an.
Des recommandations qui commencent à porter
C'est en France que la baisse de la consommation de benzodiazépines en Europe a été la plus forte entre 2012 et 2015: 10 % de baisse, contre 5,1% en moyenne européenne.
La baisse a été particulièrement marquée pour les hypnotiques (les médicaments qui en tant que tels induisent le sommeil chez des patients qui ont des soucis pour s'endormir ou qui se réveillent trop tôt). La baisse est beaucoup moins marquée pour les anxiolytiques (prescrits quand on estime que l'origine du trouble du sommeil est d'ordre psychologique).
Plus de femmes que d'hommes. Une prévalence qui augmente avec l'âge
Les patients qui ont recours aux benzodiazépines sont à 65% des femmes. Le fait qu'il y ait plus de femmes que d'hommes concernés est valable quel que soit l'âge mais augmente au fil du temps.
Près de quatre femmes sur dix de 80 ans et plus prennent un médicament de ce type.
L'âge médian des utilisateurs est de 57 ans.
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