Expliquez-nous... L'antispécisme
Alors que quatre militants, dits antispécistes, accusés d'avoir vandalisé une quinzaine de boucheries et de commerces, sont jugés à Lille, focus de franceinfo sur ce qu'est l'antispécisme.
La notion de "spécisme" -et donc celle d'antispécisme- remonte aux années 70.
C'est un courant de pensée introduit par le psychologue britannique Richard Ryder, qu'il définit comme l'ensemble des préjugés de l'homme envers les autres espèces -par analogie avec d'autres préjugés comme le racisme et le sexisme. La notion a ensuite été popularisée par le livre "La libération animale", publié en 1975, par le philosophe australien Peter Singer.
La notion de spécisme désigne la croyance en une supériorité, par essence, de l'homme sur l'animal, où le fait d'appartenir à une espèce induit un critère moral en soi, en faisant de l'homme la valeur suprême de référence.
L'antispécisme se définit en réaction au spécisme. Les antispécistes indiquent vouloir supprimer les différentes formes de discriminations envers les animaux, en intervenant, par exemple, pour combattre la souffrance animale.
La notion de "sentience"
Les antispécistes mettent au coeur de leur réfléxion la notion de "sentience", à savoir le fait de reconnaître et de tenir compte des intérêts et des besoins de tous les êtres en capacité d'éprouver des sensations et des émotions. Comportements et actions sont alors adaptés en fonction des besoins de chaque être doué de "sentience".
Différentes formes d'activismes
L'antispécisme se traduit par des publications -comme en France les cahiers antispécistes qui existent depuis 1991- la publication de livres, mais également par un combat, sur le plan juridique, pour par exemple, faire en sorte que les animaux ne soient pas assimilés au régime des biens.
Enfin une autre forme d'activisme, parfois violente, fait débat. Cela peut passer par des blocages d'abattoirs, la libération d'animaux enfermés, l'occupation de sièges sociaux d'entreprise ou des actes violents contre des boucheries, des poissonneries, des fast-foods...
Deux jeunes activistes soupçonnées de ce type de violences à Lille avaient à l'automne dernier expliqué être d'abord devenues vegan, avoir cessé de manger des animaux ou des produits d'origine animale, avoir cessé d'aller au cirque ou au zoo, puis avoir arrêté leurs études pour se consacrer à un "combat" qui, disaient ces jeunes femmes, doit passer par un "rapport de force", avec l'idée sous-jacente de "dégrader pour attirer l'attention".
"On peut revendiquer, ne pas être d'accord, mais pas le faire de cette façon", commentait sur franceinfo, Laurent Rigaud, le Président de la Fédération des bouchers, charcutiers et traiteurs du Nord, évoquant une "violence montée crescendo": treize attaques dont deux incendies contre des commerces en deux mois.
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