Expliquez-nous... Le parti AfD en Allemagne
Alors que les législatives allemandes ont été marquées par l'entrée du parti populiste AfD au Bundestag, franceinfo s'arrête sur l'histoire et l'évolution de ce parti.
L'AfD, un parti ouvertement anti-immigration, ressort troisième du scrutin du dimanche 24 septembre avec environ 13% et entre au Bundestag. franceinfo revient sur sa genèse.
AfD signifie Alternative für Deutschland: Alternative pour l'Allemagne. C'est un parti récent, créé en février 2013. Il était au départ surnommé "parti des professeurs" car fondé par des professeurs d'université, d'économie, de droit et de hauts fonctionnaires à la retraite.
Sa naissance coïncide avec la crise de la dette dans la zone euro et son programme était à l'origine essentiellement économique. Pour l'AfD, la monnaie unique divise l'Europe, empêche les pays du Sud d'être compétitifs en contraignant d'autres Etats, comme l'Allemagne, à approvisionner des fonds de secours. Le parti prône une zone euro plus restreinte. Le retour au Deutsche mark est présenté comme une option à trancher par référendum.
Les premières victoires électorales
En 2013, l'AfD créé la surprise en obtenant 4,7% des votes aux élections fédérales manquant de peu, quelques mois après sa création, l'entrée au Bundestag. L'année suivante, l'AfD fait son entrée au Parlement européen. Le parti obtient sept sièges d'eurodéputés. Il est par ailleurs présent aujourd'hui dans huit parlements régionaux en Allemagne, dans la moitié des Länders donc.
L'évolution et la guerre des chefs
Ces deux dernières années ont été marquées par des dissensions au sein du parti, sur fond d'évolution de l'AfD vers une dénonciation de la politique migratoire d'Angela Merkel.
Son fondateur, Bernd Lucke, a été renversé lors du Congrès de juillet 2015 et remplacé par Frauke Petry, chimiste de formation, dirigeante d'entreprise. C'est elle qui, à l'origine et dans un contexte d'arrivée de migrants en Allemagne, a orienté la ligne du parti vers des positions hostiles à l'immigration.
Depuis, Frauke Petry a à son tour été contestée par les tenants d'une ligne plus radicale, par des cadres n'hésitant pas à prôner la fin de la "repentance" pour les crimes nazis, à se dire "fiers de ce que les soldats allemands ont accompli pendant la Deuxième Guerre mondiale" et à multiplier les attaques contre les migrants et les musulmans.
Cette ligne, dite nationale conservatrice, est entre autres incarnée par celui qui était l'une des deux têtes de liste des élections d'hier, Alexander Gauland, 76 ans.
L'autre co-dirigeante de la campagne était Alice Weidel, une économiste de 38 ans, ancienne salariée de la banque Goldman Sachs ayant travaillé six ans en Chine et qui, tout en assumant son homosexualité – elle est en couple avec une femme d'origine sri lankaise avec laquelle elle élève deux petits garçons – se dit hostile au mariage entre personnes de même sexe.
Alice Weidel et Alexander Gauland ont ensemble défendu un programme marqué par la volonté de fermer les frontières, supprimer le regroupement familial pour les réfugiés, instaurer des quotas annuels d'expulsion, tout en affirmant que "l'islam ne fait pas partie de l'Allemagne".
La victoire de ce programme explique que Frauke Petry, marginalisée (sa motion, plus modérée, n'avait même pas été débattue en avril dernier) ait finalement choisi de ne pas siéger avec l'AfD à la chambre des députés.
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