Expliquez-nous... Le patrimoine immatériel de l'humanité
Alors que le Comité intergouvernemental de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité est réuni cette semaine sur l'île Maurice, focus de franceinfo sur ce qu'est ce patrimoine immatériel. Gros plan aussi sur la demande conjointe formulée et obtenue par la Corée du Nord et la Corée du Sud.
L'une des missions les plus connues de l'UNESCO est son action en faveur de la sauvegarde du patrimoine mondial, culturel et naturel de l'humanité. Un millier de sites sont inscrits sur la liste des patrimoines à préserver.
A ce programme, s'ajoute une mission en faveur du patrimoine immatériel du monde, sur la base, depuis 2003, d'une Convention qui permet aux Etats membres de définir des politiques de préservation et de coopération.
La notion de patrimoine immatériel
Le patrimoine immatériel englobe des traditions orales, des arts du spectacle, des pratiques sociales et culturelles, des rituels festifs, des connaissances et savoir-faire qu'on estime importants non seulement en tant que tels, mais aussi parce qu'ils se transmettent de génération en génération et contribuent au maintien de la diversité culturelle.
Sur la liste de l'an dernier, on trouvait par exemple le Carnaval de Bâle, le Punto (art poétique et musical des paysans cubains), les savoir-faire des meuniers aux Pays Bas, ou l'art du pizzaiolo napolitain. Dans la liste du patrimoine qui nécessite une sauvegarde urgente, avait par exemple été ajouté l'an dernier un langage sifflé utilisé dans des zones de montagnes en Turquie.
La validation cette année d'une demande conjointe des deux Corées
La Corée du Nord et la Corée du Sud ont cette année engagé avec succès une démarche commune pour faire classer la lutte coréenne au patrimoine immatériel.
Cette pratique, appelée "Ssirum" en Corée du Nord et "Ssireum" en Corée du Sud est une forme de lutte au cours de laquelle chacun des adversaires essaie de mettre l'autre à terre. Cette forme de lutte, très ancienne -elle existait en 200 avant Jésus Christ- est encore aujourd'hui pratiquée dans toute la péninsule et donne lieu à des compétitions internationales.
Cette démarche commune est une première pour ces deux pays, séparés depuis 1945.
Une démarche qui pour l'UNESCO va au-delà du symbole
La directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, y voit un "premier pas historique sur le chemin de la réconciliation inter-coréenne", "la victoire du temps long et des liens profonds des deux côtés de la frontière".
On peut y voir aussi une forme de diplomatie de la culture comme il peut y avoir une diplomatie du sport -on se souvient du défilé commun d'athlètes coréens en ouverture des derniers Jeux Olympiques- La dimension supplémentaire ici est qu'il s'agit d'un patrimoine populaire, d'un bien commun existant, autour duquel, explique l'UNESCO, il est possible d'oeuvrer à un rapprochement, là où sur le plan économique, du fait des sanctions internationales qui touchent la Corée du Nord, les avancées sont beaucoup plus compliquées.
L'UNESCO travaille à d'autres projets concrets de rapprochement culturel, comme la rédaction d'un dictionnaire étymologique coréen, ou le développement de programmes éducatifs communs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.