Expliquez-nous... Les référendums d'autonomie en Vénétie et Lombardie
Au lendemain d'une journée cruciale en Catalogne, deux régions d'Italie organiseront dimanche un référendum pour réclamer plus d'autonomie. franceinfo se penche sur ce scrutin aux enjeux et modalités assez différents de ce qui s'était passé en Espagne.
Première donnée importante, ces référendums -qui avaient été annoncés en avril dernier- sont purement consultatifs. Ils n'ont pas vocation à entraîner en eux-mêmes des changements immédiats, mais à servir de base éventuelle pour réclamer des compétences supplémentaires.
La question posée sera: "Voulez-vous que la région, dans le cadre de son unité nationale, ait la possibilité d'entreprendre les initiatives institutionnelles nécessaires pour obliger l’État à lui attribuer des moyens supplémentaires et des conditions particulières d'autonomie"
Ces consultations sont organisées par les présidents de ces régions, Roberto Maroni pour la Lombardie, Luca Zaia pour la Vénétie. Tous deux sont de hauts dirigeants de la Ligue du Nord. Le parti a eu, par le passé, comme objectif "l'indépendance" de la Padanie -dénomination géographique utilisée pour décrire la plaine du Pô, au nord du pays- mais ses dirigeants assurent aujourd'hui vouloir "réformer les rapports entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux", dans un cadre national.
La question régionale en Italie
L'Italie compte vingt régions: quinze régions -dont la Lombardie et la Vénétie- ont un statut ordinaire, cinq régions ont une autonomie à statut spécial.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2001, les compétences exclusives de l'État central et les compétences partagées avec les régions sont définies explicitement dans la Constitution. Mais Lombardie et Vénétie souhaiteraient avoir plus de pouvoirs dans des secteurs relevant de l'Etat: sécurité et immigration notamment.
Des enjeux avant tout économiques et financiers
L'enjeu est aussi et surtout financier. La Vénétie -5 millions d'habitants- et la Lombardie -10 millions- sont deux des plus riches régions d'Italie. Elles représentent à elles deux plus d'un quart du PIB du pays. Leur endettement est faible.
La marge de manoeuvre que leurs dirigeants veulent obtenir est avant tout fiscale.
Les partisans du oui souhaitent pouvoir récupérer une part importante du solde fiscal -la différence entre les taxes payées par ces deux régions et l'investissement public dont elles bénéficient- Une somme estimée à 70 milliards d'euros.
Tout cela s'inscrit dans un discours historique de la ligue du Nord dirigé à la fois contre le sud du pays, accusé de profiter des richesses produites par le nord et contre l'Etat central présenté comme gaspillant l'argent public.
Le discours du parti a aujourd'hui évolué vers un rejet de tout ce qui est présenté comme "menaçant la nation italienne": anti euro, anti-immigration. L'objectif des consultations est donc la défense des intérêts spécifiques de ces deux régions dans le cadre national.
Le oui donné gagnant
Le "oui" est soutenu par l'ensemble du centre droit - dont Forza Italia de Silvio Berlusconi, par le mouvement anti-parti Cinq étoiles, par plusieurs syndicats et organisations patronales.
Le parti démocrate au pouvoir n'a pas donné de consigne de vote. Plusieurs formations de gauche appellent à s'abstenir, dénonçant un "gaspillage d'argent public".
Le "oui" devrait l'emporter. Mais l'un des enjeux sera le taux de participation. En Vénétie il doit dépasser 50% pour que le scrutin soit considéré comme valide.
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