La face cachée du Mucem à Marseille : une veille sanitaire permanente pour conserver les œuvres
Le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) dispose d’impressionnantes réserves dans le quartier de la Belle de Mai, en face des voies ferrées, d’une étonnante salle des machines, et d’une armée de petites mains qui bichonne le musée et veille sur les œuvres.
Hervé Jaron est chef d’équipe installateur au centre de conservation et de ressources, et ne connaît jamais la routine. Ses collègues le surnomment "Mc Gyver". Dès qu'un objet entre dans les collections, il se demande immédiatement comment le ranger, le conserver. À l’origine menuisier, il travaille le bois, le métal, le carton et veille sur les 17 réserves du Mucem. "Dans les réserves, on passe du plus petit objet de quelques grammes à une œuvre XXL qui pèse quelques tonnes", explique-t-il.
Lutter contre les bestioles "croqueuses d’œuvres"
Son travail n'est jamais le même. "Il y a toujours des problématiques de conservation, de veille sanitaire. Parce que bien sûr, on a, comme à la maison, des petites bêtes qui adorent grignoter le textile, s’immiscer dans le bois… Si on trouve une mite, on ne va pas s'alarmer. Mais s’il y en a plusieurs, c'est alerte rouge et toute l'équipe descend en réserves, on ouvre tous les tiroirs, toutes les housses". Pour empêcher l’apparition de ces bestioles "croqueuses d’œuvres", les équipes effectuent plusieurs missions de conservation préventive auprès des œuvres : inspections régulières, contrôle de l’environnement, faible luminosité, dépoussiérage, anoxie.
Hervé Jaron se souvient avec émotion de l’arrivée dans les réserves d’un parchemin du XVe siècle, une amulette d'accouchement. "C’était un parchemin plié dans son écrin, avec tous les conseils pour que tout se passe bien pour la maman pendant l’accouchement. Un jour, le conservateur m’annonce que ce parchemin doit sortir des réserves pour être exposé et qu’il faut l’encadrer. Il a fallu un énorme travail de restauration, trouvé le moyen de l'encadrer sans l’abîmer, sachant y a beaucoup de normes à respecter quand il s’agit d’un document aussi ancien", détaille Hervé.
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