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Français du monde. Quel est le secret des écoles hôtelières suisses ?

On n'y apprend plus seulement à dresser une table au cordeau ou à cuisiner un lièvre à la royale. Des étudiants du monde entier viennent s'y former au prix fort.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Christophe Gulli à Montreux : "Il y a des cours comme le théâtre, l'expression corporelle, la musique pour développer le sens de l'écoute." (Photo Emmanuel Langlois)

Les écoles de management hôtelier forment désormais leurs étudiants aux "soft skills", mystérieuse alchimie de compétences personnelles et sociales.

Le "Bellevue" n'a pas volé son nom. Des hauteurs de Montreux, depuis le restaurant d'application de l'école Glion, (15/20 au Gault & Millau), le regard embrasse un panorama à 180°, du lac Léman au pied de l'école jusqu'aux Alpes en fond d'écran.

Ici, des étudiants du monde entier déboursent en moyenne 135 000 euros pour trois ans et demi d'enseignement

"Ils vont passer dans tous les services, c'est très important qu'ils aient de très bonnes bases pour être de bons managers, explique Chantal Wittmann, Alsacienne expatriée en Suisse, enseignante dans les arts de la table à Glion. Ça fait partie de leur culture : pour diriger les équipes, il faut savoir de quoi on parle. Eux aussi jouent ponctuellement les clients en venant dîner au 'Bellevue' pour vivre cette émotion."   

 Fabien Foare : "Les immerger permet de cibler chaque restauration en fonction du type de clientèle."  (Photo Emmanuel Langlois)

Des quatre coins du monde

Ici, les étudiants se destinent à être directeurs de palace ou responsables financiers. Ils passeront aussi entre les mains de Fabien Foare, originaire de Grenoble, meilleur ouvrier de France, à la fois chef et enseignant :

"Le fait de les immerger pendant plusieurs mois dès le départ dans nos cinq restaurants permet de cibler chaque restauration en fonction du type de clientèle, quelle prestation on va fournir au client et quelle expérience il vient rechercher." Chez Glion, tous les cours sont assurés en anglais.

Chantal Wittmann à Montreux : "Ils vont passer dans tous les services, c'est très important qu'ils aient de très bonnes bases pour être de bons managers."  (Photo Emmanuel Langlois)

Plus de 500 diplômés sortent chaque année de l'école Glion

À Montreux, les élèves viennent aussi plancher sur leur développement personnel, détaille Christophe Gulli, Bourguignon originaire du petit village de Toulon-sur-Arroux, et enseignant :

" À Glion, il y a des cours comme le théâtre, l'expression corporelle, la musique pour développer le sens de l'écoute, la prise de parole en public. On leur apprend la présentation, la communication, comment gérer son stress. Ils ont aussi des cours de méditation et de yoga ou sur l'empathie. L'idée, c'est de prendre en confiance en soi."

Vu le prix du cursus, l'étudiant doit aussi avoir du plaisir à se former, et plus tard à travailler.  

Valentin Trémaud : "Glion, c'est une école de la vie, ce qu'on y apprend, c'est une typologie de clients et une façon de s'adresser à une clientèle internationale du luxe." (Photo Emmanuel Langlois)

Que sont les anciens devenus ?

Tous ne choisissent pas l'hôtellerie, mais ils restent souvent dans les métiers du luxe, comme l'horlogerie. C'est le cas de Valentin Trémaud, né à Sanary-sur-Mer dans le Var, et sorti diplômé en 2013. Il est chargé aujourd'hui de recevoir la clientèle VIP de l'horloger de luxe Roger Dubuis à Genève :

"Glion, c'est une école de la vie, ce qu'on y apprend, c'est une typologie de clients et une façon de s'adresser à une clientèle internationale du luxe qui n'a pas forcément la même façon de communiquer que vous. Il y a une centaine de nationalités sur le campus, ça vous donne une ouverture d'esprit essentielle aujourd'hui dans le travail." 

William Roux a appris à Glion "l'adaptation à n'importe quel scénario, à différentes ambiances et cultures, à un nouveau milieu qu'on ne connaît pas." (Photo Emmanuel Langlois)

Non loin de là, c'est sur les pistes de l'aéroport de Genève-Cointrin, au pied des hangars de Tag Aviation, que l'on retrouve William Roux. Le jeune Français né en Picardie est lui sorti diplômé en 2010. Lui est responsable du suivi du portefeuille clients et chargé de la gestion de leurs jets privés.

Il explique avoir appris à l'école "l'adaptation à n'importe quel scénario, à différentes ambiances et cultures, à un nouveau milieu qu'on ne connaît pas. On va vers les autres. Les cours nous servent dans la vie en général, comme à gérer le stress en management." 

Hôtellerie ou pas, tous avaient en tout cas plusieurs propositions d'emploi à la fin de leur cursus.

Montreux et le lac Léman depuis la salle à manger du restaurant "le Bellevue" à Glion (Photo Emmanuel Langlois)

Aller plus loin

 L'Institut de hautes études de Glion 

Retrouvez cette chronique sur le site et magazine de la mobilité internationale Journal des Français à l'étranger.fr

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