Révolution dans le traitement de l'eau à Toronto
Formée en 4 ans au management international (option finances des marchés) à l'ISEG, l'Institut Européen de Gestion, à Paris, la jeune femme débarquait au Canada anglophone comme " Acheteur Senior " pour Anderson, filiale du groupe Degrémont, lui-même une branche de Suez Environnement et spécialisé dans la fourniture d'équipements de traitement de l'eau pour l'industrie (de 2 à 10 millions de dollars par chantier). " La moitié de l'eau consommée dans le monde est utilisée dans l'industrie, explique Céline. Notre mission va de la fourniture d'eau ultra pure aux centrales électriques, aux papeteries, à la production de cartes électroniques, jusqu'à la décontamination de l'eau, comme dans l'industrie pétrolière, où on extrait en moyenne 5 barils d'eau pour un baril de brut. "
Dans cette PME de 80 personnes, après avoir créé un " vademecum ", sorte de guide des bonnes pratiques commun à toutes les filiales, la " Frenchie " s'est d'abord attelée à la mise en place de contrats cadres négociés sur 3 ans avec les principaux fournisseurs. " C'est une démarche de partenariat, explique Céline, rouquine énergique de 26 ans née à Orléans. Jusqu'à présent, on les mettait en concurrence, mais au cas par cas, on perdait un temps fou en allers-retours entre l'ingénierie et le fournisseur ! Désormais, tous les produits ont des prix associés, on gagne énormément sur la partie négociation commerciale, et les fournisseurs peuvent acheter leur matériel en amont. " Gagnant-gagnant !
Partie sur sa lancée, Céline Legret est maintenant sur un autre projet déjà en phase d'implémentation : avec son équipe, elle a été chargée de la mise en place d'un ERP baptisé " Business One ", un système de gestion pilote, qui sera commun à tous les départements et tous les services du groupe Degrémont (40 filiales à travers le monde). Là encore, il a fallu tout inventer. " Aujourd'hui, on utilise différents produits informatiques qui permettent de faire ces opérations, mais service par service, détaille Céline. A l'avenir, on aura tous le même outil. Du coup, il n'y aura plus de perte d'information entre le moment où on fait la vente et où on expédie le produit. " Et de citer l'exemple des documents (certificats de conformité, tests de performance, etc...) associés aux produits délivrés par les fournisseurs : jusqu'à présent, ces manuels, tous différents mais obligatoires car inclus au contrat, étaient envoyés et réceptionnés au coup par coup avec les composants. L'idée, frappée au coin du bon sens, qu'a eue Céline a été de créer pour chaque produit (pompes, vannes, canalisations...) une ligne de commande supplémentaire, un " item number ", spécifique à cette documentation, et adaptable à chaque cas sans que le système n'explose !
" De par ma formation, analyse Céline, j'ai une vision globale " à l'européenne " de l'entreprise. En Amérique du Nord, les personnes sont souvent formées à leur métier et rien d'autre. Du coup, elles ne pensent ni à l'amont ni à l'aval. C'est difficile pour elles de comprendre que si je n'ai pas cette pièce-là, la chaîne est rompue et mon client ne va pas être satisfait. De plus, dans un milieu d'ingénierie, ce n'est pas évident de faire avancer les mentalités vers une approche plus économique des affaires. " Quant à son temps libre, Céline Legret le consacre à une association de jeunes, le " Rotaract Club of Toronto ". Leur projet, ce mois-ci, est de collecter des fonds pour fournir aux populations du Kenya des filtres pour rendre l'eau potable.
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
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