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À Amiens, des collégiens volent au secours des abeilles

Chaque mardi, France Info junior part à la rencontre de collégiens qui imaginent leurs solutions pour le climat, à quelques semaines de la COP21. Deuxième étape de l'opération #maplanète2050 à Amiens, en Picardie.
Article rédigé par Estelle Faure
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (© crédit Collège Sagebien / Amiens)

Pour sauver la planète, des collégiens de Picardie ont enfilé le costume d’apiculteur, à mi-chemin entre la combi de super-héros et celle d’astronaute. Plusieurs fois dans l’année, aidés d’un apiculteur du coin, les élèves de 4°D du collège Sagebien d'Amiens rendent visite à leur ruche, installée en avril dernier… sous les fenêtres de leur CDI (centre de documentation et d'information). Cette classe "verte" participe au projet #maplanète2050. Le 3 novembre prochain, avec 1.000 autres élèves, ils viendront à Paris faire entendre leurs voix et apporteront leurs solutions pour le climat et la planète, à quelques semaines de la COP21, la conférence mondiale sur le climat.

Pas d'abeilles, pas de chocolat ?

Ce matin de septembre, encore groggy par la fraîcheur d’automne, seules quelques abeilles se sont déjà mises au travail, papillonnant autour des fleurs roses et jaunes qui égaient les abords du collège. Elles ont été plantées par les élèves pour servir de garde-manger aux abeilles. Au CDI, juste à côté de la ruche que l'on peut apercevoir par la fenêtre, les élèves de quatrième, eux, s’attèlent à nous expliquer pourquoi il faut sauver leurs nouvelles voisines. "S’il n’y a plus d’abeilles, il n’y aura plus de chocolat !" Au fond de la classe, la voix de Tom s'élève pour expliquer ce qui s’annonce comme une catastrophe, pour les gourmands comme pour la planète : "si les abeilles ne butinent plus la fleur du cacao, il y aura moins de pollinisation, moins de fleurs et donc moins de chocolat ." En France, environ 70 % des 6 000 espèces de plantes à fleur, fruits et légumes, sont pollinisées par des insectes, rappelle l’INRA, c'est-à-dire qu'elles ont besoin des abeilles et autres pour se reproduire. La disparition des abeilles pourrait profondément changer notre équilibre alimentaire.

S’ils sont plutôt au vert sur ce sujet, c’est que la 4°D est une classe dite  "à thème" : tout au long de leur année scolaire, l’environnement se décline dans leurs matières, des cours de maths qui pondent des énoncés figurant des abeilles, jusqu’à l’histoire-géo. Le cours de musique n’y échappe pas. Pour la journée du 3 novembre à Paris, les élèves ont d’ailleurs repris une chanson à leur compte, le classique folk Little Boxes . Ils ont réécrit les paroles pour essaimer leur message pour la planète.  "Ça parle des petites boîtes dans lesquelles on vit, les avions, les voitures, et qui polluent. On dit qu’il faut les remplacer par d’autres boîtes, qui font du bien à la planète, comme les poubelles, les voitures électriques", décrypte Romain. Les élèves ont même élu dans leur classe deux éco-délégués, des sortes de mini-ambassadeurs chargés de monter des projets pour l’environnement. Depuis cette rentrée, le dispositif a été étendu à tout le collège et 48 délégués, deux par classe, ont été désignés. Des élèves Ulis, qui ont un léger handicap ou d'autres troubles comme le syndrome d’Asperger, participent aussi au projet.

  (Les élèves espèrent bientôt récolter le miel de leur ruche © crédit collège Sagebien d'Amiens)

Ces menaces qui planent sur les abeilles

En Picardie où le frelon asiatique - qui attaque les abeilles - a fait récemment son apparition, le sujet préoccupe particulièrement élèves et profs. Plusieurs dangers pèsent sur les abeilles, que nous égrènent tour à tour les élèves : "On voit apparaître de nouveaux insectes, comme le frelon asiatique, dans certains endroits car il fait plus chaud" , commence Pierre. "Il y a aussi les pesticides. Les agriculteurs en mettent sur leurs champs, ça touche les fleurs que les abeilles butinent et elles peuvent en mourir", complète Florian. "Et puis le réchauffement climatique , enchaîne Romain. Des espèces d’arbres disparaissent et les abeilles ne peuvent plus les polliniser et se nourrir." Pour lui comme pour d’autres, avant ce projet, les élèves ne mesuraient pas vraiment l’importance des abeilles. "On pensait qu'elles faisaient un peu leur vie dans leur coin" , avoue Romain. "On ne savait pas qu’elles étaient aussi importantes pour la planète, pour notre alimentation et notre quotidien" , concède Nora, qui souhaite désormais transmettre ce qu'elle a appris.

 

Alors que midi sonne et que les élèves prennent le chemin de la cantine, les abeilles de Sagebien semblent être sorties de leur torpeur pour se mettre aussi à table, picorant les fleurs alentour. Les élèves comptent bientôt récolter le fruit de leur travail de fourmi et goûter le miel de leur ruche cet été. Ils espèrent aussi convaincre les dirigeants de la COP21 d’implanter plus de ruches dans les collèges et de faire élire des éco-délégués dans toutes les classes du monde. "En tant qu’élève, j’aimerais leur dire de nous écouter et d'essayer d’aider la planète, pour l’avenir ", assène, convaincu, Ethan, l’un des élèves Ulis. "Les présidents, eux, pensent qu'ils ne seront peut-être pas touchés , rajoute Romain, mais leur enfants, leurs futurs petits-enfants et les nôtres seront touchés alors il faut le faire pour eux."

À ÉCOUTER ►►► Au micro de France Info junior, Romain et Nora , 12 ans et en quatrième au collège Sagebien, présentent leur projet #maplanète2050. De l'autre côté de l'Atlantique, Rose-Micha, 13 ans** , étudie au collège Reeberg Néron, à Remire-Montjoly en Guyane. Elle nous raconte ses solutions et celles de ses camarades pour aider l'environnement. L'émission est à réécouter ci-dessous.

 

 

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