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À Bordeaux, des collégiens tournent des courts-métrages pour le climat

Chaque mardi, France Info junior part à la rencontre de collégiens qui imaginent leurs solutions pour le climat, à quelques semaines de la COP21. Première étape de l'opération #maplanète2050, Bordeaux.
Article rédigé par Estelle Faure
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (© Sophie Balagayrie / D'asques et d'ailleurs)

En entendant retentir la sonnerie du collège, plutôt inhabituelle, on ne peut s’empêcher de sourire. Au collège Cheverus de Bordeaux, entre deux cours, les élèves changent de salle au son d'un tube du groupe Earth, Wind & Fire  (« Terre, vent et feu  »). On se plaît à y voir un petit signe, comme un clin d'œil à la classe de 5°1 qui participe à l’opération #maplanète2050, lancée par France Info. Mardi 3 novembre, aux côtés de 1.000 collégiens, ces élèves rendront leurs propositions pour améliorer le climat et l’environnement, à l’occasion de la COP21.

Les environs de Bordeaux face à la montée des eaux 

Il faut dire que dans ce collège de centre-ville, même les bâtiments se sont mis au vert. Depuis qu’il a rouvert en mai dernier après deux ans de travaux, l’établissement réutilise l’eau de pluie et organise des sorties pour nettoyer les plages des côtes bordelaises, avec l’association Surf Rider. À côté des murs mêlant pierre ancienne et béton gris, certaines parois sont faites en bois venu des Landes. Dans l’une des salles de classe qui donne sur les toits en tuiles, ce mardi, les 24 élèves de la 5°1 sont eux intarissables sur le thème qu’ils ont choisi d’illustrer : l’eau. Le sujet n’a pas été choisi par hasard par ces jeunes de Bordeaux, traversée par la Garonne et non loin de la côte. "L'eau, c'est la base de la vie, surtout à Bordeaux",  explique Pierre, l'un des élèves. Plus encore avec la menace d'une montée des eaux dûe au réchauffement climatique, une perspective qui a mobilisé les élèves.

 

Depuis la rentrée, sur leurs bureaux flambants neufs et hors les murs, les élèves planchent six heures par semaine sur leur projet, appuyés par leurs six professeurs très impliqués (SVT, histoire-géo, anglais, arts plastiques, physique…) et deux associations locales, D’asques et d’ailleurs et le Creaq. Les collégiens ont choisi de décliner ce thème en quatre courts-métrages, dans le cadre de l’atelier cinéma. Hier encore, appareil photo en main, ils tournaient leurs dernières images dans les rues de Bordeaux. En petits groupes, depuis septembre, ils ont travaillé le storyboard, tourné les images, manié les perches pour le son et bientôt, ils découvriront le travail de monteur.

  (© Sophie Balagayrie / D'asques et d'ailleurs)
  (© Sophie Balagayrie / D'asques et d'ailleurs)
Les élèves de Cheverus en tournage à Bordeaux pour #maplanète2050 / Des dessins d'élèves de 4ème complèteront les courts-métrages, menés dans le cadre de l'atelier ciné de leur professeur d'anglais, Sophie Balagayrie.

"Les images, c'est de notre époque"

Pourquoi des courts-métrages ? « Les images, c’est de notre époque. Ça parle mieux que le reste. Et on se dit que c’est à nous d’agir, les gens d’aujourd’hui, maintenant » , résume Olga. Ils ont d’ailleurs une longue de listes d’actions concrètes pour le climat, qui viendront étoffer le Livre blanc de la jeunesse, dévoilé lors de la journée du 3 novembre à Paris : lutter contre le réchauffement et la montée des eaux (une barrière végétale, des maisons sur pilotis...) mais aussi adapter nos modes de vie (recycler l’eau de la maison en circuit fermé, mettre des filtres à air sur les toits pour le CO2,…).

 

Travailler sur des actions concrètes a pour beaucoup permis d’ouvrir les yeux sur le changement climatique, d’approfondir des notions jusqu’à maintenant grappillées ici et là. « Ça m’a permis de me sentir plus concerné  », explique Louis. « C’est vrai qu’avant, je n’y croyais pas trop, par exemple à la montée des eaux, on en entend parler mais on ne sait pas toujours si c’est vrai. Mais maintenant j’y crois », abonde Joseph. « On dit qu’il faut faire des petits gestes, éteindre les lumières, mais on ne dit jamais pourquoi. Il faut l’expliquer aux tout-petits, dès la primaire », tranche Sofia.

Entre espoir et crainte

Maintenant qu’ils connaissent le sujet sur le bout des doigts, comment cette jeune génération voit-elle le futur ? Ils naviguent à vue entre espoir et crainte. "Ça m’angoisse un peu", lâche Olga. Comme en écho à l’actualité qu’ils voient défiler à la télé, Aramis parle des réfugiés climatiques et se dit pessimiste, "quand on voit ce qui se passe aujourd’hui en Hongrie, les barrières qu’on met" . "On va trouver une solution, on va s’unir" , rassure Elie. Charlotte, elle, préfère nous raconter une fable qui, après une petite recherche, s'avère être celle du colibri, reprise par Pierre Rabhi et la prix Nobel Wangari Maathai. Face à une forêt en feu, un oiseau prend une goutte du lac pour la déposer sur l’incendie. Cynique, un autre animal lui dit que ce n’est pas avec une seule goutte qu’il éteindra le feu.  "Mais l’oiseau lui répond  "Je fais ma part". Des gens disent que ça ne sert à rien d’agir, qu’il ne faut rien faire. Mais c’est faux, si chacun fait sa part, on peut y arriver."  Les collégiens eux piaffent d’impatience de présenter leurs contributions le 3 novembre à Paris.

À ÉCOUTER ►►► Au micro de France Info junior, Pierre et Sofia, 11 ans et en cinquième au collège Cheverus, parlent de leur projet #maplanète2050. L'émission est à réécouter ci-dessous.

 

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