Pour Louis, 28 ans, la société pousse "à ne penser qu'à soi"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Lundi 25 octobre, rencontre avec Louis, 28 ans, serveur au Comptoir de Cana, un bar catholique et solidaire.
Direction le Vieux-Lille pour rencontrer Louis, 28 ans, serveur au Comptoir de Cana, un bar catholique et solidaire soutenu par le diocèses de Lille. Ce bar, fondé en 2015 et tenu par des bénévoles chrétiens, propose de venir en aide notamment aux sans-abri en leur fournissant soit de la nourriture soit des "cafés suspendus" payés par les clients. Louis est le seul salarié.
"Les valeurs chrétiennes c'est des valeurs humaines avant tout"
"On a été vendu comme un bar catholique et c'est vrai qu'au début ça nous faisait un peu d'ombre. Il y a des gens qui trouvaient cela communautariste", regrette Louis. Mais "le but ce n'est pas de faire du prosélytisme", insiste-t-il, "c'est juste les valeurs chrétiennes qu'on met en avant et les valeurs chrétiennes c'est des valeurs humaines avant tout, c'est pas forcément faire de l'évangélisation".
Ce qui a plu à Louis c'est "le côté social" : "On fait de l'accueil aux gens de la rue. Il y a beaucoup de liens avec les associations", explique Louis qui dit avoir "toujours eu de l'intérêt pour tout ce qui est social". La raison est sûrement liée à son adoption, ajoute Louis qui est né en Éthiopie : "Le fait de rencontrer une nouvelle famille et une nouvelle culture ça a sûrement joué", analyse-t-il.
La religion chrétienne "j'en ai vraiment beaucoup bouffé jusqu'à mes 16-17 ans", lance Louis qui raconte s'être "un peu détaché de l'Église" par la suite. "Quand je discute avec des gens qui ne sont pas croyants je leur dis que c'est triste pour eux mais que je ne vais pas les pousser à croire", confie Louis qui "trouve ça dommage".
"Tout ce qui nous entoure on ne peut pas dire que c'est dû au hasard."
Louis, 28 ans
Louis trouve que la société pousse à l'individualisme et "à ne penser qu'à soi". Ce qu'il apprécie au Comptoir de Cana c'est de voir des personnes "qui ont la main sur le cœur" alors "que ce n'est pas évident pour tout le monde. La plupart des gens vivent avec un Smic", ajoute Louis.
Côté politique, en 2017 Louis avoue avoir voté au premier tour mais pas au second parce qu'il était "dégouté de ce qu'il y avait de proposé". "2022 si c'est la même chose c'est un peu agaçant. On vote un peu par dépit j'ai l'impression", dit Louis qui aimerait qu'on reconnaisse le vote blanc "histoire de montrer le mécontentement des gens. C'est un peu triste la façon dont les élections se passent", ajoute-t-il. "La société se fracture de plus en plus et ça c'est un peu flippant", conclut Louis.
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