De Carnegie à Zuckerberg, la philanthropie américaine
Retour ce matin en 1889. "L’homme le plus riche du monde", l’industriel Andrew Carnegie qui a fait fortune dans l’acier, publie un article au titre évocateur "L’Evangile de la Richesse", dont il lit des extraits en 1914. Le son n’est pas parfait, mais c’est bien la voix de Carnegie, il explique sa vision de la richesse…qui vous allez l’entendre en écoutant cette chronique est pleine d’altruisme mais aussi d’un sentiment de supériorité du riche sur le pauvre.
"Ceci devient donc le devoir de l’homme riche. Il doit être exemplaire, vivant simplement sans extravagances; subvenant aux besoins légitimes de ceux qui dépendent de lui. Et considérant tout l’argent restant après ces dépenses comme de l’argent qu’on lui aurait confié afin qu’il le gère de la manière qu’il juge la plus bénéfique possible pour la communauté. L’homme riche devenant le gardien bénévole de son frère plus pauvre, lui rendant service de par sa sagesse, son expérience et sa capacité à gérer, faisant pour lui plus qu’il ne ferait ou pourrait faire."
Après avoir vendu son entreprise pour la somme faramineuse de 480 millions de dollars de l’époque, soit plus de 20 milliards d’aujourd’hui, en 1901, à J-P Morgan, Carnegie, exemple même du rêve américain, applique ses beaux principes.
Jusqu’à sa mort survenue en 1919, Carnegie aura donné la quasi-totalité de sa fortune, soit de son vivant, soit dans son héritage.
Des dizaines de millions de dollars utilisés pour créer des bibliothèques publiques, y compris en France, c’est le cas de la bibliothèque de Reims notamment, des écoles, des musées, mais aussi pour financer des actions pour la paix. Et il sera imité par Ford ou Rockefeller.
Mais strictement apolitiques sur le sol américain, les fondations deviennent très politiques à l’extérieur, surtout après la Seconde Guerre mondiale, où elles sont un outil de la diplomatie culturelle américaine. C'est notamment le cas en Sardaigne où à partir de 1946, la fondation Rockefeller finance et envoie des médecins pour éradiquer la malaria.
Mark Zuckerberg s’inscrit donc dans une longue tradition
Et indéniablement l’image de l’Amérique en sortira grandie dans les pays où les enfants seront aidés.
Enfin, si les arrière-pensées fiscales ne sont probablement pas totalement absentes, elles ne doivent pas masquer un vrai trait culturel américain. On compte 100 fois plus de fondations qu’en France, elle embauche treize millions de salariés et l’ensemble des dons des Américains atteint 300 milliards de dollars, contre un petit milliard en France.
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