De la rage à Ebola, que dit notre angoisse face aux épidémies ?
Va-t-on mourir enragé ?
En 1955, soixante-dix ans après les travaux de Pasteur, la rage est de nouveau aux portes de la France. Une épidémie s'est déclarée en Allemagne, et cela inquiète : "Va-t-on mourir enragé ? "
La réponse est non, évidemment, et lorsque l'épidémie franchira le Rhin quatre ans plus tard en 1959, ce ne sera que de façon très modeste. Mais cette psychose de l'épidémie est un révélateur. La rage de 1955 n'est pas le seul exemple de crainte d'être touché en France par une épidémie née à l'étranger.
Cela avait déjà été le cas lorsqu'en 1947, une épidémie de choléra s'était déclarée en Egypte. La crainte est toujours la même : voir ressurgir en Europe une maladie que l'on croyait éradiquée. La rage, comme le choléra ou la peste fait partie de notre imaginaire collectif ce qui explique cette peur de fait largement irrationnelle.
La peur de l'autre monde
Mais il n'y a pas que cette peur que le passé nous rattrape qui explique ces angoisses. Il y a aussi la peur que l'autre monde, le monde pauvre ne nous contamine lui aussi. Au XIXe, les bourgeois considéraient que le manque d'hygiène des classes populaires était le principal vecteur des épidémies.
Aujourd'hui, cette crainte s'est déportée vers les pays en développement. L'exemple du SRAS venant d'Asie du Sud Est est ici frappant. Tout comme le cas d'Ebola aujourd'hui. Tant que la maladie restait en Afrique, notre inquiétude n'était qu'empathie. Mais dès que l'on évoque un risque de cas ici, en Occident, l'inquiétude se transforme rapidement en angoisse, dérivant vers la panique ou la psychose. Une psychose qui en dit long sur notre rapport au monde
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