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Histoires d'info. Hugh Hefner, les lapins et les droits civiques

Le fondateur du magazine de charme "Playboy", Hugh Hefner, est mort mercredi à l'âge de 91 ans. Un journal qui a contribué à la révolution sexuelle des années 60.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Hugh Hefner entouré de deux Bonnies à l'inauguration d'un club "Playboy" à Londres. (CARL COURT / AFP)

Hugh Hefner est mort mercredi 27 septembre à l'âge de 91 ans. Il a dirigé le magazine Playboy, magazine qui a contribué à la révolution sexuelle des années 60.

Quand on parle de Hugh Hefner, on a immédiatement en tête l'image de cet homme en veste d’intérieur de satin entouré de dizaines de créatures déguisées, court vêtues avec des oreilles de lapin qui dépassent d’une chevelure le plus souvent blonde. Celles qu’on appelle Les Bonnies. Playboy c’est d’abord un magazine lancé en 1953, pour l’homme moderne et libéré, un magazine qui a un tel succès que Hugh Hefner lance en 1960 à Chicago, sa ville, un club dans lequel les clients sont accueillis et servis par des Bonnies. Il y aura bientôt des dizaines de ces clubs dans tout le pays. Hugh Hefner est l’exemple même du "self made man", au succès considérable.

Il est celui qui a pressenti et accompagné la révolution sexuelle en Amérique

Disons plutôt qu’il acte de l’existence d’une révolution dont on parle depuis le début du XXe siècle aux Etats-Unis. En 1913, devant la multiplication des représentations des corps dénudés, déjà un journal écrit : "It’s sex o’clock in America". Mais là c’est la deuxième étape, on ne fait pas que montrer le sexe, on le fait, on en fait même un mode de vie. Hefner se fait partout le défenseur d’une nouvelle moralité, le pourfendeur du puritanisme. En 1970, il vient à Paris avec l’espoir d’y lancer un club et une version de son journal, ce qui sera fait en 1973. Un journaliste : "Monsieur Playboy en est persuadé, l'Amérique comme le monde entier connaît actuellement une révolution sexuelle. 'Playboy' a fait beaucoup dans le sens de cette révolution." 

Hugh Hefner ressemblant  à un vieux libidineux est certainement très réducteur

Profondément libertaire, Hefner est allergique à toutes les discriminations. Ses clubs sont ouverts aux Noirs, il est le premier à leur permettre de monter sur scènes sur des clubs non spécifiquement réservés au Noirs. Passionné de jazz, il lance le festival de Jazz Playboy de Chicago en 1959. Et trois ans plus tard, lorsque pour la première fois Playboy interviewe une célébrité, c’est Miles Davis qui parle de jazz mais aussi de relations raciales aux Etats-Unis. Suivront Martin Luther King, Mohamed Ali ou Malcolm X. En  1965, pour la première fois le magazine met une playmate noire en Une.

On imagine mal le caractère révolutionnaire de la chose aujourd’hui. Hefner se fera ensuite un infatigable défenseur du droit à l’avortement, avant même qu’il ne devienne légal, tant et si bien que des féministes lui savent gré d’avoir contribué à redonner aux femmes le contrôle de leur corps. Et si j’ajoute qu’en 1971, Hefner produira via Playboy le McBeth de Roman Polanski, vous serez convaincu que l’homme n’était pas seulement celui qui organisait des fêtes orgiaques dans le Manoir Playboy de Los Angeles. Un manoir dont le grand acteur Peter O’Toole avait dit un jour : "C’est ce que Dieu aurait construit s’il avait eu de l’argent."   

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