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Histoires d'info. La Coupe du monde de football ressemble à celle d'il y a 20 ans

Vingt ans après l'une des plus belles aventures du sport français, la nouvelle génération du football est très proche d'ajouter une deuxième étoile sur le maillot Bleu.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les Champs-Elysées après la victoire des Bleus lors des demi-finales de la Coupe du monde (Victoire de la France face à la Belgique 1 à 0 ), le 10 juillet 2018. (LUCAS BARIOULET / AFP)

Après la victoire des Bleus 1 à 0 mardi 10 juillet dans le match qui l'opposait à la Belgique, on retrouve des accents de 1998 dans la réaction des gens dans les rues. Thomas Snégaroff, historien de franceinfo, et Henri Emile, ancien intendant de l'équipe de France de football, évoquent les similitudes et les différences entre ces deux époques et ces deux équipes de France que vingt ans séparent. 

Thomas Snégaroff, historien de franceinfo : Cela ressemble à 1998, même si cette génération écrit sa propre histoire. C'est formidable. Et vingt ans d'écart depuis le premier sacre, c'est la parfaite fenêtre temporelle entre deux exploits car cela renvoie à un écart générationnel entre des parents et leurs enfants. Il faut remonter à 1966 pour les Anglais pour parler de victoire en Coupe du monde. Il s'agit d'un écart entre les grands-parents et les petits enfants. Quelque chose est en train de se passer et Didier Deschamps en est l'instigateur, lui qui était là en 1998 et qui l'est en 2018. Il établit cette sorte de lien, cette jonction entre les deux générations. Nous sommes en train de se façonner et de se raconter des histoires et de faire des souvenirs pour demain. C'est ce qui est magnifique entre ces vingt ans d'écart.

Henri Émile, ancien intendant de l'équipe de France de football : Nous avons fêté les vingt ans ensemble sans Didier Deschamps le 12 juin à la U Arena à Nanterre et c'était les mêmes sensations. J'avais vu des joueurs comme Lizarazu pleurer. Il y avait une émotion énorme dans la joie que les joueurs ont pu donner au public. On ressentait un mélange entre des jeunes et leurs parents. C'est ce qui est beau et ce que l'on doit conserver et répéter avec une grande joie dimanche soir, je l'espère.

Thomas Snégaroff : Ce qui pouvait faire peur au début de la Coupe du monde, c'était toutes ces commémorations sur 1998. Cela aurait pu tétaniser les joueurs. La génération précédente aurait pu tétaniser les joueurs par ce sacre qu'ils ont remporté. On a aujourd'hui l'impression que c'est l'inverse.

Henri Émile : On a voulu transmettre un message en même temps, notamment à travers des propos qui ont été tenus. Il y avait la volonté de dire : "Nous avons fait un truc extraordinaire, à vous d'écrire votre page maintenant". Je ne sais pas si cela les a tétanisés. Cela a dû les amener à dire :"Il y'en a marre d'entendre toujours parler de 1998, nous aussi on va montrer quelque chose !" Et c'est ce qui est beau et bien. 

Henri Émile : J'ai tellement vu, lors de mon passage à la direction technique, de jeunes plein de culot ne ressentant pas de pression dans les sélections que le comportement de ceux de 2018 ne me surprend pas. Ce que j'aime chez eux, c'est la manière avec laquelle ils partagent leur joie avec les gens. C'est mieux que de voir des joueurs avec des écouteurs dans les oreilles faisant comme si personne autour d'eux n'existait. On sent des jeunes qui sont heureux de partager quelque chose.

Thomas Snégaroff : On apprend autant de ses victoires que de ses défaites. Certains, comme Mbappé, nés après 1998, donnent l'impression que c'est possible de gagner en France, car les succès d'aujourd'hui sont aussi nourris des échécs de 2006 ou même de 2010 au niveau du comportement. Cette génération de jeunes joueurs veut rompre avec cela. On apprend donc de ses échecs et de ses victoires et c'est en cela que le football est une extraordianaire expérience de vie.

Henri Émile : Quel que soit le vainqueur de cette demixème demi-finale, celui-ci sera à notre portée. Disons que nous n'avons pas à avoir peur. Les matches ne sont pas joués d'avance mais il n'y a pas de raison d'avoir peur de l'Angleterre ou de la Croatie par rapport à ce que l'on a vu de leur jeu jusqu'à présent.

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