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Histoires d'Info. Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle fait de l'oligarchie son pire ennemi ?

A l'approche du second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a choisi de s'attaquer à l'oligarchie. Un thème qui fait plutôt partie de ceux exploités par la gauche radicale.

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, candidate du Front national à l'élection présidentielle, sur le plateau de TF1, le 25 avril 2017. (MAXPPP)

La campagne de l'entre-deux-tours a débuté et il s'agit pour les deux finalistes de convaincre de nouveaux électeurs pour l'emporter. Marine Le Pen a choisi de s'attaquer à l'oligarchie. Si le fond n'est pas nouveau, la forme elle a quelque peu changé.

Mardi 25 avril, Marine Le Pen était l’invitée de TF1. Et il y a un mot en particulier qu'elle a prononcé à de multiples reprises, pour qualifier son rival, Emmanuel Macron : "Il est le candidat de l'oligarchie et je suis la candidate du peuple. (...) Cette oligarchie qui va passer par la CGT, les partis comme le Parti socialiste et Les Républicains, le président de la Commission européenne, les patrons de presse, les éditorialistes, l'UOIF, tous ceux là appellent à voter pour M. Macron. (...) L'oligarchie, main dans la main, a imposé pourtant la Constitution européenne. (...) Je sais que l'oligarchie a déjà installé M. Macron dans le fauteuil du président. (...) Le peuple va probablement réserver une très grande surprise à l'oligarchie." L’oligarchie, voilà l’ennemi ! Et si elle y a si souvent fait référence, ce n'est évidemment pas un hasard.

"L'oligarchie" contre "le peuple"

Mettons-nous d’accord sur le terme "oligarchie". Etymologiquement, c’est le pouvoir accordé aux moins nombreux, à un petit nombre de personne. Pour Aristote, l’oligarchie, pour reprendre son expression, c’est le gouvernement des riches. Platon ajoute que dans l’oligarchie, le désir qui gouverne c’est celui de l'argent ou de l'acquisition illimitée, limité à une minorité. Depuis l’Antiquité et l’œuvre de ces philosophes, l’oligarchie est pensée comme une entrave à l’émergence de la démocratie. C’est bien cela que Marine Le Pen met en avant dans sa dénonciation de l’oligarchie : sa volonté de redonner le pouvoir au peuple, au vrai peuple. Celui qu'elle seule serait capable de défendre contre une oligarchie qui s’accaparerait tous les pouvoirs et qui en tirerait un profit exclusif, notamment financier, contre les intérêts du peuple. Ce n'est pas un hasard si l'un de ses slogans de campagne est "Au nom du peuple".

Une thématique largement exploitée à la gauche de la gauche

On retrouve d’ailleurs assez précisément cette idée dans la bouche de Jean-Marie Le Pen lors de son dernier meeting de campagne en 2007 : "Qu'attendent nos compatriotes ? Que se lève une grande vague nationale qui vienne enfin balayer l'oligarchie en place, à laquelle ils ont raison de ne plus faire confiance puisque depuis trop longtemps elle les trahit sans scrupule, ni remords."

On pourrait penser que Marine Le Pen s'inscrit dans la tradition frontiste, la critique du système par le père étant incluse dans celle de l'oligarchie par la fille. Mais l'expression "oligarchie" n'est en réalité presque jamais utilisée par Jean-Marie Le Pen, sauf dans un discours. Il faut aller ailleurs, plus à gauche, pour trouver un usage politique répété de la lutte contre l'oligarchie : "Ce que je condamne, absolument et jusqu'au bout, c'est un système qui ait remplacé cette méritocratie par l'oligarchie, c'est-à-dire une poignée de gens qui vivent entre eux, qui accaparent tout les leviers d'expression et d'argent. (...) Le modèle de la révolution citoyenne en Tunisie, dussé-je vous choquer, j'aimerais qu'il passe la Méditerranée parce que nous aussi nous avons une oligarchie." Il s'agit de Jean-Luc Mélenchon. C'était en 2010 et 2011 quand il se lançait dans la course à la présidentielle.

Une tentation de "captation sémantique"

Le thème de l'oligarchie, notamment financière, appartient surtout au lexique de la gauche, voire de la gauche radicale. Ainsi, en l'utilisant, Marine Le Pen fait bel et bien des avances à cet électorat. En 2012, Mélenchon avait d'ailleurs théorisé la diffusion des thèmes qu'il défendait : "Ce qui me donne des ailes, c'est chaque fois que des gens passent sur notre terrain. C'est quelque chose qui favorise notre expansion parce que cela signifie que les idées que nous avons mis en circulation, l'importance de la classe ouvrière, l'importance de la luttre contre l'oligarchie, ces idées sont maintenant répandues."

Pas sûr qu’aujourd’hui il accueille avec joie cette captation sémantique faite par le Front national.

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