Histoires d'info. Qui a peur du grand méchant loup ?
Les éleveurs manifestent lundi 9 octobre devant la préfecture de région à Lyon pour protester contre le futur "plan loup". Toujours considéré comme l'animal à abattre, le loup, qui occupe une place particulière dans notre bestiaire mental, nous terrifie depuis la nuit des temps.
Le loup continue à faire parler de lui. Une manifestation d'éleveurs a lieu à Lyon devant la préfecture de région contre la mise en place, en janvier prochain du "plan loup" mis au point par l'Etat.
Dans notre bestiaire mental, aux côtés de l’ours, le loup a une place bien particulière. Le loup, héros, de tant et tant d’histoires, nous terrifie depuis la nuit des temps. Nous connaissons tous Les trois petits cochons, dans la version de Walt Disney de 1933 et la fameuse chanson "Qui a peur du grand méchant loup ?" Dans cette version, si les petits cochons survivent à la voracité et la ruse du loup, celui-ci les dévore dans la première version du conte qui date du XVIIIe siècle. Une évolution que l’on retrouve également dans Le Petit Chaperon Rouge, où chez Perrault en 1697, le loup finit par manger la mère-grand et sa petite fille.
On a toujours eu peur du loup
Contrairement à l’ours, qui fut l’objet d’un véritable culte, quasi divinité au temps de la Préhistoire et de l’Antiquité, le loup a toujours fait peur. La louve romaine, celle qui a recueilli Romulus et Remus, a offert une autre image, protectrice, mais cette image n’a pas résisté au temps. Le loup de notre imaginaire a longtemps été celui de la fable de La Fontaine, Le loup et l’agneau, où il est dépeint comme un animal méchant, cruel, beau-parleur. Le plus fort qui dévore le plus petit. Un animal rusé et sans pitié. Sa mâchoire énorme et sa vision nocturne en font un animal proche du diable, en témoigne la figure du loup-garou, cet homme qui se transforme en loup la nuit. Dans la magnifique chanson de Serge Reggiani, les nazis sont devenus des loups :
Notre perception du loup a évolué récemment
Il n’est qu’à lire les livres pour enfants qui dépeignent un loup souvent gentil et touchant qui doit lutter contre les idées reçues. L’historien Jean-Marc Moriceau qui travaille sur l’image du loup chez nous note que c’est à peu près au moment où le loup a disparu de notre territoire (il y en avait 25 000 au temps de la Révolution française) et que l’on a commencé à l’associer à la vie sauvage, à en faire même l’emblème, que sa côte d’amour a remonté en France et que certains ont milité pour sa réintroduction. Le loup est revenu naturellement depuis 1992-1993 : sa présence réactive très naturellement les craintes ancestrales et justifiées des agriculteurs, même si ces dernières reçoivent un écho bien différent aujourd’hui, le loup ayant, depuis, largement changé d’image.
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