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Histoires d'info. Référendum en Catalogne : les plaies rouvertes de la guerre d'Espagne

Les séparatistes restent déterminés à organiser leur référendum d'autodétermination en Catalogne. La capitale espagnole compte bien l'interdire. Retour en arrière, à l'époque de Franco.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Francisco Franco , chef de l'Etat espagnol assiste à un défilé militaire à Madrid, le 31 mai 1970. (EFE)

Dimanche 1er octobre, se tiendra donc peut-être un référendum d’une importance capitale en Catalogne et dont les modalités ont été enfin fixées vendredi. Si l’on dit peut-être c’est parce que Madrid compte bien l’interdire, le considérant comme anticonstitutionnel, arguant de "l’inexistence de la souveraineté du peuple catalan", ce qui est précisément au cœur des enjeux actuels.


Pour les indépendantistes, il existe une nation catalane et à ce titre, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, elle dispose donc du droit de se prononcer sur la cadre politique et juridique dans lequel elle s’épanouit.

Les mesures prises par Madrid pour empêcher le référendum font débat 

Arrestation de hauts responsables catalans, mise sous tutelle du budget de la province, envoi prévu de militaires dimanche en cas de tenue du vote, intimidations, etc. Un climat que les indépendantistes exploitent pour souligner la légitimité morale de leur action en réactivant la mémoire meurtrie du franquisme.
Parce que s’il y a bien une ombre qui plane en ce moment comme un vautour sur la Catalogne, c’est bien celle du général Franco, de la guerre civile puis des quatre décennies de dictature. Barcelone qui avait accueilli le gouvernement républicain en octobre 1937 avant de tomber, ainsi que l’ensemble de la Catalogne dans la main des nationalistes en janvier 1939.

En 1942, Franco est le maître de l’Espagne s’offre un bain de foule en Catalogne et à Barcelone en particulier. Un journaliste : "Le général Franco est l'hôte de la Catalogne où dans chaque ville une réception triomphale accueille le Chef de l'Etat espagnol. tous, des plus riches aux plus pauvres apportent des cadeaux symboliques au Général Franco tenant ainsi à manifester leur reconnaissance à celui qui releva l'Espagne de ses ruines." Évidemment ne nous laissons pas embarquer par la propagande franquiste et vichyste de l’époque. A cette date plus de 20.000 Catalans sont emprisonnés. La Catalogne comme toutes les autres provinces a perdu son statut d’autonomie. Les mouvements indépendantistes nés dans les années 1920 et 1930 sont strictement interdits et poursuivis.

La culture catalane est muselée 

La langue, la plus belle expression d’une culture, est muselée. Interdite à l’école, à l’Université, dans les manifestations publiques. Seul le castillan est autorisé. On ne parle plus le catalan que dans la sphère privée, au sein des familles, entre amis.
Pour les Catalans d’alors, aller voir jouer le FC de Barcelone était l’un des rares moments pour affirmer collectivement une identité commune, le grenat et le bleu du club remplaçant les deux couleurs de la Catalogne, les rayures or et rouge, interdites alors. Les victoires contre les clubs madrilènes avaient une saveur particulière.


A la mort de Franco en 1975, la culture catalane sort de sa torpeur


Certains imaginaient qu'après la mort de Franco "Il y avait beaucoup de gens qui croyaient que quand Franco allait mourir il y aurait plein d'écrivains qui sortiraient de leur tiroir. Plein de manuscrits, de romans merveilleux, de pièces de théâtre extraordinaires, de peintures, de tout. Et des réalités comme celles-là, elles n'étaient pas là parce qu'elles ne pouvaient pas y être."


Le renouveau culturel catalan a, à bien des égards, préfiguré les revendications d’autonomie voire d’indépendance politique qui se nourrissent de la défiance de Madrid et du souvenir réactivé de la guerre d’Espagne.
Il y a un an, une statue équestre de Franco, en place à Barcelone de 1963 à 1985, a été réinstallée à Barcelone dans le cadre d’une exposition sur la place du franquisme dans l’espace public. Presque immédiatement recouverte d’œufs pourris, la statue a été finalement détruite, quelques heures après sa réinstallation.
Signe d’une mémoire toujours à vif que les débats actuels réactivent dangereusement.

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