L'Eglise au risque de la modernité
En octobre 1962, le concile de Vatican II s'est ouvert depuis un mois. Il rassemble 2.400 pères conciliaires réunis autour de Jean XXIII, avec un enjeu central: comment enseigner le message du Christ dans un monde en pleine transformation ?
A l'heure de la modernité, l'Eglise ne serait-elle pas dépassée ?
Cette question du rapport de l'Eglise à la modernité sociétale est un débat récurrent au sein de l'Eglise entre le courant progressiste qui considère que l'Eglise doit être capable d'adapter son discours aux grandes mutations du monde moderne et le courant conservateur pour qui l'Eglise doit rester au contraire fidèle à son dogme quelles que soient les évolutions de la société.
Le synode qui se tient à Rome jusqu'au 19 octobre met à nouveau dans la lumière ce clivage interne profond dans l'Eglise. Et s'il est une question qui divise, au coeur de ce synode, ce n'est pas tant l'avortement ou le mariage des prêtres que le remariage des divorcés.
De fait, pour l'Eglise, le mariage est un sacrément indissoluble et par conséquent, une personne divorcée ne peut pas se remarier dans une église puisqu'elle reste théoriquement liée par les liens du premier mariage. Et si elle se remarie civilement, elle ne peut pas non plus accéder, si elle le désire, aux sacrements donnés par le prêtre.
Un tabou sur le point d'être levé ?
En 1996, en déplacement en Bretagne, Jean Paul II avait ouvert la voie à une évolution en rappelant que les divorcés restaient membres à part entière de la communauté chrétienne. Mais malgré cela, la question n'est pas réglée aujourd'hui, dix-huit en plus tard.
L'unique concession réelle est l'augmentation des accords pour l'annulation des mariages. Et en 2013, devant des journalistes, dans l'avion qui le ramenait des JMJ de Rio, le pape François citait en exemple les orthodoxes qui " Donnent une seconde possibilité de mariage."
Cette question du remariage des divorcés fait débat au sein même de l'épiscopat.
En France, le prêtre Michel Dubost, devenu depuis evêque d'Evry dans l'Essonne, exprimait ses doutes en 1975. Dans une émission sur France 3, il avouait être déchiré sur la question entre sa volonté d'accueillir les divorcés remariés et celle de respecter les enseignements du Christ.
"Ecartelée", l'Eglise l'est encore.
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