La résolution 242 des Nations unies
Le 22 novembre 1967, six mois après la Guerre des Six jours, le Conseil de Sécurité des Nations Unies vote une résolution capitale. 47 ans plus tard d'ailleurs, il fait encore référence sur le confit israélo-palestinien. U Thant, le président birman du Conseil de sécurité se félicite:
Le projet de résolution (...) a été adoptée à l'unanimité !
C'est la résolution 242. D'initiative britannique et adoptée à l'unanimité, elle a pour objectif de forcer Israël à quitter les 70.000km² occupés à l'issue de la guerre et qui la portent à seulement 60 kilomètres de Damas. Ce territoire comprend la Cisjordnie (annexée par la Jordanie en 1950), Jérusalem-Est, le Sinaï égyptien, le Golan syrien et la bande de Gaza (sous administration égyptienne depuis 1949).
Les pays arabes, humiliés pour la seconde fois, refusent toute négociation avec Israël. Israël refuse de rendre ces territoires jugés nécessaires à sa sécurité. La situation est bloquée. Dès le mois de septembre, la question est portée devant l'ONU.
Mais à peine la résolution adoptée, l'ambassadeur français aux Nations Unies, Armand Berard, douche l'enthousiasme de la communauté internationale.
Le vote de la résolution britannique ne constitue évidemment qu'un point de départ. De longs et durs efforts seront encore nécessaires pour mettre en oeuvre ces principes !
Quels principes ? Si la résolution est acceptée par Israël et par certains pays arabes, elle est d'emblée marquée par l'ambiguïté de la traduction.
Une résolution ambigüe, incomplète et favorable à Israël
La résolution 242 est rédigée dans les deux langues officielles de l'ONU en 1967, l'anglais et le français.
En anglais, elle évoque un retrait israélien « de territoires occupés » (« from territories occupied in the recent conflict »), sans préciser de quels territoires il s’agit (« from ‘the’ territories » aurait précisé l’origine des territoires). La version française est nettement plus contraignante. Il y est questuion de « territoires occupés lors du récent conflit»
La Jordanie, l'Egypte et le Liban acceptent la résolution, mais s'opposent à toute négociation tant que l'armée israélienne n'aura pas quitté les territoires occupés. La Syrie et les Palestiniens la refusent, au prétexte qu'aucun Etat palestinien n'est mentionné.
Accepter cette résolution reviendrait surtout à reconnaître de facto Israël dans ses frontières de 1949 et non de 1947, date du plan de partage de l'ONU fixant l'Etat arabe sur 45% du territoire de la Palestine d'alors. En 1949, après la guerre d'Indépendance, l'Etat arabe ne s'étend plus que sur 22% ce même territoire...
Le conflit israélo-arabe se trouve dans une impasse et toutes les tentatives de l'ONU pour en sortir se soldent par des échecs.
En 1968, le Suédois Gunnar Jarring est nommé médiateur pour trouver une nouvelle solution diplomatique. Israël et les pays arabes qui refusent tout compromis ne le reconnaissent pas, sa mission échoue.
En décembre 1969, le plan Roger appelle à la mise en place d’un calendrier par Israël et l’Egypte pour évacuer le Sinaï et régler la question de la Cisjordanie. En juin 1970, il exige la reprise des négociations sur la base de la résolution 242. Mais c'est une nouvelle fois un échec.
En 1988, une occasion de paix en or
Le 15 novembre 1988, devant le Conseil national palestinien réuni à Alger, Yasser Arafat fait d'une pierre deux coups en acceptant la résolution 242 et en proclamant la naissance de l'Etat palestinien. Une façon de reconnaître implicitement Israël. Et une Israël dans ses frontières de 1949, et non pas de 1947.
Pour Israël, c'est une occasion en or de trouver une sortie du conflit qui lui serait favorable. Une opportunité ratée. Déjà la première Intifada, qui avait éclaté quelques mois plus tôt, commençait à changer la nature du conflit.
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