Le terrorisme pour faire reconnaître le génocide arménien (1975-1983)
Retour il y a 40 ans, en octobre 1975. En plein Paris, à quelques centaines de mètres de la Maison de la Radio et de l’Ambassade de Turquie, un meurtre est commis…Daniel de Saint Hamont sur France Inter:
"L'ambassadeur de Turquie a été assassiné aujourd'hui alors qu'il circulait sur le pont de Bir-Hakeim.
Le ministre de l'intérieur, Michel Poniatowsky a déclaré:
"Nous allons poursuivre l'enquête dans les milieux les plus divers"
Rapidement cependant, l’attentat est revendiqué, comme celui de Vienne qui avait 48 heures plus tôt couté la vie à autre ambassadeur turc, par une organisation terroriste fondée au début de l'année 1975 à Beyrouth, L'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie, l’ASALA. D’inspiration marxiste, anti-impérialiste et inspirée par l’OLP, elle prétend réussir là où la Fédération Révolutionnaire Arménienne (FRA) a échoué : faire reconnaître le génocide arménien par la Turquie.
En réalité, les meurtres des deux ambassadeurs de 1975 ont été perpétrés par la FRA, et plus particulièrement par sa branche armée, au nom évocateur : Commandos des justiciers du génocide arménien.
Mais jusqu'au début des années 1980, c’est bien l’ASALA qui perpétrera le plus d’attentats, plus d’une centaine, des meurtres politiques et des attentats aveugles médiatisés, dont beaucoup en France à l’image de la prise d’assaut du Consulat de Turquie en 1981 ou de la bombe du Pub Saint germain en 1982.
Un an plus tard, en juillet 1983, à Orly, au comptoir de la Turkish Airlines, une bombe explose tuant huit personnes . Ara Toranian, responsable du Mouvement national arménien, condamne fermement cet attentat tout en lui reconnaissant une vertu:
"On déplore les victimes innocentes, cela dit il y a un conflit arméno-turc où d'un côté il y a un Etat turc qui depuis 60 ans mène une politique de génocide et de parachèvement du génocide contre les Arméniens. On multiplie les actions politiques, les manifestations de masse pour faire valoir la cause arménienne. Malheureusement, ces actions ne connaissent absolument aucun écho."
Cet attentat par son ampleur et les réactions qu’il suscite met un coup d’arrêt presque total à la violence arménienne. Cinq ans plus tard, le chef et fondateur de l'Asala, Hagop Hagopian, est assassiné, refermant une parenthèse violente et condamnable qui a eu pour effet de raviver la question du génocide arménien qui était presque totalement passé sous silence jusqu’alors.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.