"Les plastiques: les déchets de l'an 2000"... une émission de 1973 !
Retour en avril 1973. En pleine période d’urbanisation et d’industrialisation, la première chaîne de l’ORTF programme depuis deux ans déjà une émission militante, présenté par Louis Bériot et Michel Péricard et au titre évocateur : "La France défigurée". En avril 1973, donc, le nouveau numéro de l’émission est intitulé "Les plastiques : les déchets de l’an 2000". Une émission à contre-courant tant l’époque est "plasticophile".
Comment se débarrasser aujourd'hui des déchets en plastique jetés inconsidérément dans la nature qui se refuse, quant à elle, à recycler un matériau qu'elle n'a pas enfanté. Le ministère de l'environnement a chargé Jacques Loppion d'une étude sur la question. Nous lui avons proposé nous une solution: supprimer complètement l'emballage en plastique.
Sa réponse: "C'est une solution qui a l'air d'être radicale, en fait je crois qu'elle est très fausse. Il ne faut tout de même pas oublié que si le plastique s'est développé à un tel taux de croissance dans le passé, c'est parce que les consommateurs veulent du plastique. Et si vous adoptiez une telle solution, vous auriez à faire à une émeute de consommateurs très rapidement."
A l’époque, il y a en France 440 000 tonnes de plastique dans les ordures ménagères. C’est 3,3 millions de tonnes aujourd’hui. Proposition pour le moins radicale. Et Jacques Loppion qui botte en touche. Jacques Loppion alors adjoint au directeur du développement des marchés de Péchiney, grand producteur d’aluminium mais aussi de plastique.
Et il faudra attendre 43 longues années pour qu’uniquement les sacs plastiques soient enfin interdits, ce sera effectif dans deux jours, et encore il faudra attendre une année supplémentaire pour que cela concerne les sacs plastiques pour fruits et légumes, seuls les sacs de caisse de supermarché étant interdits dès maintenant.
La question du recyclage posée dès les années 70
En 1973, se posait déjà l’impérieuse question du devenir des emballages plastiques…Et déjà, la question du recyclage était sur la table. Mais là encore, Jacques Loppion se montre dubitatif:
Le problème serait de pratiquer le recyclage à partir des déchets du consommateur. Et cela pose une série de problèmes très compliqués parce qu'il faudrait d'abord isoler les produits en plastique des autres dans les ordures ménagères, donc peut-être éduquer le consommateur à les séparer lui-même avant de jeter ses déchets, ce qui n'est pas très facile à faire, c'est une gêne supplémentaire demandée aux gens.
43 ans plus tard, nous recyclons dans nos cuisines, et la gêne est tout de même minime. Nous pourrions cependant faire mieux puisqu’aujourd’hui, seuls 20% des plastiques sont recyclés. La bonne nouvelle est que nous n’aurons bientôt plus besoin de recycler les sacs plastiques.
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