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Le retour d'Anne Sinclair, les Français face aux médias

Anne Sinclair dans Elle : sa première grande interview depuis le début de l'affaire DSK à l'occasion de son retour au journalisme à la tête d'un site d'information sur Internet. Egalement au sommaire, le jugement des Français sur leurs médias. Et un hoax démonté sur Internet : l'interprète de langue des signes qui avait trop d'imagination n'a jamais existé.
Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15 min
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Au sommaire : le retour d'Anne Sinclair, retour sur un "hoax" : l'histoire de cette interprète en langue des signes pour les sourds qui racontait n'importe quoi en traduisant les informations de la BBC, c'était un canular.

Egalement au sommaire : des accusations contre un homme de l'ombre...

"L'homme qui sait tout sur tous", c'est comme ça que le Point appelle Bernard Squarcini, le Point qui publie les bonnes feuilles de "l'Espion du président", un livre explosif selon le Point. Bernard Squarcini, le puissant patron de la DCRI, le renseignement intérieur, surnommé "le squale", et dont un aileron se fait prendre dans ce livre dans la lumière médiatique... Il est accusé dans ce livre d'être instrumentalisé par l'Elysée, d'avoir dévoyé son service la DCRI pour servir un camp politique.

Le livre parle de "dérive en police politique", évoque des écoutes de personnalités politiques, et aussi l'existence d'un groupe d'opérations spéciales, une sorte de division des coups tordus, capable notamment de forcer n'importe quelle serrure, de s'introduire n'importe où sans laisser de traces. Une quinzaine d'hommes à qui "tout serait permis à condition de ne pas se faire piquer"...

On navigue dans le livre entre des amitiés plus ou moins sulfureuses, on y parle bandits corses et cercles de jeux. Il y a cette phrase reprise dans le Point, elle est attribuée à un officier de la Direction centrale du renseignement intérieur, c'était en 2011, DSK était encore en tête des sondages et cet officier confie aux auteurs du livre que "DSK est ciblé", il donne aussi cette précision menaçante pour l'avenir, c'est toujours cet officier de la DCRI qui parle : "Hollande commence à faire peur à l'Elysée, mais on n'a pas encore été amené à bosser dessus", pas encore...

Une autre confidence d'un membre de la section "contre-terrorisme" de la DCRI, confidence relevée dans "L'espion du président" cette fois par le Canard Enchaîné : "J'ai perdu toutes mes illusions, la DCRI, telle qu'elle a été créée, est une agence de renseignement au service de l'Elysée."

Le Point souligne que ce livre, "L'Espion du président", c'est en tout cas une première, la première fois en France qu'un livre est consacré à un patron du renseignement en activité.

Le principal intéressé Bernard Squarcini, par ailleurs mis en examen dans l'affaire des fadettes du Monde, a déjà répliqué : il dément les affirmations du livre, non dit-il "je ne suis l'espion de personne"...

L'invitée de l'hyper revue de presse : Guilaine Chenu, co-présentatrice d'Envoyé Spécial sur France 2, qui diffuse ce soir une édition spéciale consacrée à Gilles Jacquier, le reporter de France 2 tué en Syrie. 

L'actualité du Web

L'Internet en grève : le SOPA blackout day

La première grande grève de l'Internet s'est
achevée il y a quelques heures à peine. De très nombreux sites ont respecté ce
blackout pour protester contre deux projets de loi antipiratage américains.

SOPA et PIPA, ce
sont leurs petits noms à ces deux projets de loi made in USA destinés à lutter
contre le téléchargement illégal. SOPA et PIPA massivement dénoncés par les
internautes comme des lois liberticides. Et donc à l'origine de ce grand
blackout du Web
. Les sites anglosaxons sont les premiers à avoir baissé le
rideau hier. Et pas seulement ceux qui militent pour la liberté et la
neutralité du Web, mais aussi des géants du secteur comme Wikipedia, Reddit, Tmblr,
Mozilla, la plateforme de blogs Wordpress, même Google et Facebook ont apporté
leur soutien à l'opération.

Des sites
humoristiques comme I Can Has Cheezburger, une légende sur le Web, ont
contribué, parfois en chanson…

Idem pour des sites
d'information comme Wired ou le Huffington Post. L'occasion de repérer des
initiatives amusantes. Comme Guardipedia. Une idée du quotidien britannique The
Guardian que vous raconte le site ecrans.fr

Comme la version
anglophone de Wikipedia était fermée jusqu'à cette nuit. Sans vouloir casser la
grève, la rédaction du journal proposait aux internautes de répondre à leurs
questions à l'ancienne… En clair, un journaliste équipé de tous les volumes de
l'Encyclopedia Britannica et d'un Who's Who s'est amusé à jouer à Wikipedia
toute la journée.

Il s'appelle Patrick
Kingsley, et Patrick a du chercher les réponses à des questions comme : qui a
tué JFK ? Est-ce que la Reine Victoria a bien joué de la basse avec Led Zeppelin,
ou bien est-ce que vous pourriez me lister toutes les œuvres de Charles Dickens
dans un format facile à copier / coller ? Ca sent l'élève paniqué devant
Wikipedia fermé alors qu'il y a un devoir à rendre rapidement…

En parlant d'élèves
paniqués, le site Gawker a lui recensé sur Twitter toutes les réactions
d'élèves et de professeurs terrorisés par la fermeture de Wikipedia.
Visiblement, pour eux, c'était la fin du monde… Certains demandent même s'il va vraiment falloir lire les livres quand le prof de littérature demande
une fiche de lecture… 

Democracy Lab

Le choix du matin sur le Web, c'est le
laboratoire de la démocratie, lancé par Foreign Policy, un site spécialisé dans
l'actualité internationale.

Le Democracy Lab
vient de naître, un an après les révolutions du printemps arabe.

Cette rubrique de
ForeignPolicy.com est un observatoire journalistique qui s'intéresse aux
transitions de régimes autoritaires ou dictatoriaux à des démocraties. On y
parle politique bien sûr, mais aussi économie et développement.

Plus largement,
tous les pays où les libertés sont remises en cause par un pouvoir politique
ont leur place sur ce site. A la une du Democracy Lab, vous trouverez des
reportages sur la Tunisie, l'Egypte, la Birmanie ou encore la Russie et la
Malaisie.

2012 risque d'être
une année chargée pour le Democracy Lab. Selon le site, cette année, les
citoyens de 59 pays vont voter pour des élections nationales, locales ou
fédérales. 59 pays, c'est le tiers des nations de la planète. 

La revue de presse et du Web

 

 

 

Le retour d'Anne Sinclair à la Une...

Elle a choisi le magazine "Elle" pour sa première grande interview depuis le début de l'affaire DSK... "Elle" qui a même avancé sa parution de 24 heures pour l'occasion. Pourquoi parler maintenant, parce qu'Anne Sinclair fait son retour au journalisme. C'est officiel depuis hier, elle va diriger la déclinaison française du premier site Internet américain d'information, le Huffington Post. C'est donc autant une interview qu'une belle opération de promotion à quelques jours du lancement du Huffington Post français.

Sur l'affaire DSK, Anne Sinclair répond à Anne-Cécile Sarfati qu'elle est navrée si des femmes ont pu se sentir déçues par son soutien inconditionnel à son mari, navrée mais c'est leur problème dit-elle...

Elle revendique la liberté de ses choix, et renvoie au respect de la vie privée. Insupportable dit-elle que des gens cherchent à s'approprier la vie des autres... Personne - dit-elle encore - ne sait ce qui se passe dans l'intimité des couples, et elle dénie à quiconque le droit de juger du sien, au nom de sa liberté de décider de sa vie en toute indépendance, comme elle souhaite à toute femme et à tout citoyen d'ailleurs de pouvoir le faire...

C'est très beau, mais quand même, le magazine "Elle" insiste et tente une dernière question, "Etes-vous toujours amoureuse ?". Réponse : "Ca-ne-vous-re-gar-de-pas"...

Reste donc le coup de pub pour le Huffington Post...

Un coup de pub signé de la "mohair supérieure", c'est le titre facétieux de l'article de Libération, une allusion aux fameux pulls du dimanche soir popularisés par Anne Sinclair à l'époque de 7/7, la "mohair supérieure"...

Coup de pub pour un site d'information "important" selon le magazine "Elle". Libération relativise et décrypte : quoi de mieux qu'un nom ultra-connu pour faire parler d'un petit site internet qui n'emploie pour le moment que dix personnes ? Réponse, ce nouveau site, avant d'être un site d'info, c'est pour l'instant surtout un casting.

Les Français font-ils confiance aux médias ? Il y a des réponses ce matin dans la presse...

Avec le baromètre annuel TNS-Sofres publié dans la Croix... Il confirme l'intérêt des Français pour l'information et en même leurs doutes sur l'indépendance des journalistes.

Malgré tout, globalement, la confiance dans les médias repart à la hausse, et les Français accordent toujours leur confiance en premier à la radio : 58 pour cent des sondés soulignent la qualité de la restitution de l'information à la radio, merci... Suivent dans l'ordre la presse écrite, la télé et Internet, Internet dont le niveau de confiance pour l'information est en constante augmentation depuis 2005.

Cette enquête de la Croix s'intéresse aussi à l'opinion des lecteurs ou des auditeurs sur le traitement médiatique des sujets d'actualité. Est-ce que les médias en ont fait trop ou pas assez ?

Pas assez par exemple sur le sommet de Durban sur le climat, sur la guerre civile en Syrie ou encore sur le scandale du Mediator.

Trop sur les mariages princiers monégasque et britannique, trop sur les primaires du PS et trop sur la fille de Nicolas et Carla Sarkozy...

Beaucoup beaucoup trop sur l'affaire DSK... Et pourtant, et c'est tout le paradoxe, il y a d'un côté 9 Français sur 10 pour dire que les médias en ont fait trop, mais de l'autre côté les mêmes Français ont dévoré les journaux et fait exploser les audiences radio et télé pendant les nombreux épisodes de l'affaire DSK...

Explication dans la Croix : on peut trouver ça hypocrite, mais d'un point de vue sociologique, c'est un conflit banal entre deux hiérarchies de valeurs, d'un côté la légitimité d'un sujet en terme d'information, de l'autre la dimension de l'affectif te du plaisir qu'on prend à écouter une histoire...

Dernière remarque qui n'est pas la moins intéressante dans cette enquête de la Croix sur les médias : les internautes "font" de plus en plus l'opinion notamment via les réseaux sociaux qui s'emparent de toutes les grandes questions politiques ou des débats de société.

L'élection de Barack Obama a marqué un tournant. Et pour la Croix, on sait désormais, spécialement aux Etats-Unis en ce moment, que ce ne sont plus seulement les questions gênantes ou pas des journalistes qui font et défont les candidats, mais aussi Internet, ce nouveau faiseur de rois... Un constat en forme d'avertissement pour les candidats à la présidentielle en France.

A propos des réseaux sociaux, une mise au point, ou plutôt un rectificatif...

Les réseaux sociaux, on les scrute et on les écoute - parfois trop... Hier on vous racontait l'histoire qui faisait se tordre de rire les internautes et qui nous avait bien fait rire, l'histoire de cette interprète de langue des signes qui racontait n'importe quoi avec ses mains pour ses téléspectateurs sourds au lieu de traduire fidèlement des informations de la BBC.

L'histoire était belle, trop belle, c'était drôle, mais c'était faux, un "hoax" comme on dit sur internet, un canular digne du 1er avril, canular démonté dans la foulée sur les réseaux sociaux, et ce matin notamment dans Libération. Le problème avec Internet, c'est que c'est un peu tous les jours le 1er avril... Alors promis, on va faire encore plus attention... pour être toujours plus crédible.

La presse à la Une

 

 

 

Ce matin, gros plan sur la relation de confiance des Français avec leurs médias, donc aussi avec leur radio.

La Croix publie comme chaque année le baromètre des médias TNS-Sofres... Les Français sont appelés dans ce sondage à juger leurs médias. D'abord une fois encore cette enquête confirme le goût des Français pour l'information...

La grande question, c'est celle de la confiance, la tendance se confirme année après année, puisque encore une fois, c'est la radio qui arrive en tête, juste devant la presse écrite. Une autre tendance qui se confirme : les Français font aussi année après année de plus en plus confiance à Internet pour s'informer, Internet qui rattrape peu à peu son retard en terme de crédibilité. Explications avec François Ernenwein, rédacteur en chef à la Croix.

 

 

 

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