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Il était une fois en Amérique : 1952, Adlai Stevenson, l’homme qui ne voulait pas être président

Alors que l'élection présidentielle se profile aux États-Unis, retour pendant tout l'été sur des épisodes marquants de l'histoire politique américaine.

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Adlai Stevenson, lors d'un meeting de campagne en Nouvelle-Angleterre, en septembre 1952. (MARK KAUFFMAN / THE LIFE PICTURE COLLECTION)

En juillet 1952, c'est une convention démocrate enfiévrée qui se déroule à Chicago. Si Estes Kefauver, sénateur du Tennessee, était considéré comme favori, le désistement d'un troisième candidat permet à Adlai Stevenson de remporter la primaire confortablement. Le parti à la tête du pays depuis 1932 a donc désigné l'homme qui tentera de devenir président des États-Unis au mois de novembre. Et la bataille s’annonce très rude face à un héros de la Seconde Guerre mondiale, le libérateur de l’Europe, Dwight Eisenhower.

Et ce d’autant plus que dans la guerre froide qui fait rage, la guerre de Corée est en cours pendant la campagne de 1952. Face au général cinq étoiles, se présente un intellectuel chauve au doux surnom de "tête d’œuf" et qui avait déclaré en 1950 : "Je n’ai pas l’ambition d’être président. Je n’ai aucun désir pour ce poste, mentalement, de tempérament ou physiquement." Quand un démocrate lui demande alors ce qu’il ferait s’il était investi, la réponse est glaçante : "Et bien je devrais me suicider."

Le saboteur de sa propre campagne

C’est pourtant lui que le parti se choisit, ce ne sont pas les citoyens qui votent à l’époque. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il refuse le jeu de la campagne. À un journaliste qui veut faire son portrait au début de la campagne, il répond : "Je ne vois pas comment vous allez faire ça. Ma vie a été, heureusement, tout sauf dramatique. Je ne suis pas né dans une cabane en rondins. Je n’ai pas dû travailler pour payer mes études, je ne suis pas né dans la misère, et il n’y a aucun intérêt à faire semblant que c’était le cas."

Sa philosophie se résume à "mieux vaut perdre les élections que fourvoyer le peuple ; et il vaut mieux perdre que mal gouverner". Et si vous ajoutez à cela le fait qu’il soit divorcé, un drame pour un candidat, vous avez l’ingrédient d’une raclée annoncée. En novembre 1952, Eisenhower remporte haut la main la présidentielle, et redonne la Maison Blanche aux républicains pour la première fois depuis 20 ans.

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