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Ils ont fait l'actu. Le député RN Jean-Philippe Tanguy et son "silence pour la France !"

Retour avec Sandrine Etoa-Andegue sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent : le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, revient sur les débats houleux autour du pouvoir d'achat et son "cri du cœur" qui a tourné en vidéo virale.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme (SANDRIEN ETOA ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

22 juillet 2022. Après cinq jours de débats électriques sur le pouvoir d'achat à l'Assemblée nationale, le nouveau député Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy, tiré à quatre épingles, monte à la tribune. Il explique pourquoi le RN a voté en faveur du projet de loi du gouvernement pour améliorer le pouvoir d'achat.

Entravé par les députés de la Nupes dans sa prise de parole, où il encense Marine Le Pen, il s'époumone, "silence pour la France !" sous les rires de son camp et de ses adversaires. La vidéo de son "cri du cœur" est devenue virale et a mis un temps sous les projecteurs ce trentenaire qui a été le directeur de campagne de Marine Le Pen pendant la dernière élection présidentielle.

Des députés RN inconnus qu'on découvre

Un an après son entrée au Parlement, le député de la Somme se souvient de la séquence qui, si elle a "beaucoup plu" dit-il, ne reflète pas vraiment qui il est. À 37 ans, cet ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan est l'un des plus visibles du groupe RN au Parlement. Les 88 députés de l'ancien FN, après leur entrée fracassante à l'Assemblée, demeurent effectivement peu connus.

"Je ne suis pas du tout à la base quelqu'un d'extraverti, confie-t-il. D'ailleurs les vacances arrivent, je suis très heureux, je vais m'enfermer avec un livre très seul et j'en serai très heureux. C'est un peu un syndrome, à petite échelle, "Mylène Farmer".  Des gens très timides de nature, plutôt solitaires et qui, quand ils font quelque chose qu'ils aiment avec passion, se retrouvent à pouvoir faire des choses qu'ils n'imaginaient pas, y compris se battre contre le gouvernement devant 576 collègues députés qui crient très fort."

"Ne pas s'enfermer dans un personnage"

Le début de son mandat de député a été marqué par quelques dérapages verbaux mais il assure ne pas avoir été recadré."Marine m'a donné des conseils, dit-il. Elle avait bien raison de dire attention de ne pas s'enfermer dans un personnage, c'est-à-dire soit la colère, l'exaspération, le coup de gueule."

"François Ruffin, mon collègue de la Somme, a beaucoup de talent, mais parfois, il s'enferme un peu dans ce personnage à fleur de peau."

Jean-Philippe Tanguy

à franceinfo

À part Thomas Ménagé, Laure Lavalette et Sébastien Chenu, le reste du groupe RN demeure dans un relatif anonymat. Il y aura une montée en puissance promet Jean-Philippe Tanguy. "Il faut du temps. Vous savez, c'est la première fois que le Rassemblement National a un groupe parlementaire, donc les personnes ont besoin de prendre leurs marques, note le député RN de la Somme. Les thèmes sur lesquels on a quelque chose à dire, à savoir l'économie, les finances ont été les grands thèmes du début du mandat (...), et nous avons encore quatre ans pour faire émerger d'autres personnalités. Je pense qu'on va y arriver."

Une autre personnalité s'est fait remarquer par un éclat dans l'année. C'est le député de la cinquième circonscription de Gironde, Grégoire de Fournas, avec sa phrase : "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique", lors d'une intervention du député de la Nupes Carlos Martens Bilongo. Jean-Philippe Tanguy qui s'était dit "scandalisé" par cette polémique, estime aujourd'hui que la victime dans cette affaire c'était son collègue du RN, "de par le harcèlement qu'il a eu ensuite" précise-t-il. "Cette phrase a été détournée, mais Marine Le Pen elle-même et le député ensuite ont reconnu que ce n'était pas une formule adaptée et que ce n'était pas élégant, que ça ne correspondait pas à un niveau de débat parlementaire, poursuit Jean-Philippe Tanguy. Après, c'est une invective dans l'Assemblée nationale, si vous prenez les comptes rendus, je peux vous dire que ça part dans tous les sens, mais ce n’est pas la même tonalité, évidemment, et encore moins la même gravité qu'une invective ou une remarque, ou plus encore, qu'une pensée raciste."

Aucun texte voté

Le groupe RN qui se revendique première force d'opposition n'a vu aucun de ses textes voté comme si le cordon sanitaire autour des forces du RN était toujours présent. Sont-ils des parias dans l'hémicycle ? "Non, répond le député, parce que déjà, et il faut le mettre au crédit de la présidente Yaël Braun-Pivet, on nous a reconnus le droit d'exercer un certain nombre de fonctions. Vice-président. D'opérer des missions d'information. J'étais président d'une commission d'enquête parlementaire. Donc on a un rôle."

En dehors de ça, Jean-Philippe Tanguy fustige l'hypocrisie qui les entoure : "Depuis un an, les macronistes ne savent pas vraiment comment se comporter avec nous parce qu'ils savent qu'on représente les gens, qu'on fait des propositions, qu'on n'est pas du tout à mettre le Parlement à feu et à sang, ou dans la politique du pire... Tout ça est un peu artificiel."

"Quand ils se rendent compte que ça peut peut-être nous amener au pouvoir, ils rétropédalent et font du drama."

Jean-Philippe Tanguy

à franceinfo

 "De l'autre côté, poursuit Jean-Philippe Tanguy, la Nupes est encore plus hypocrite parce qu'ils hurlent au loup tout le temps et quand on ne vote pas leurs propositions, ils hurlent aussi. Tout ça n'a pas beaucoup de sens. Après, c'est vrai que les textes que l'on propose sont frontalement opposés à la Macronie, donc c'est normal qu'ils ne passent pas."

Jean-Philippe Tanguy s'amuse de ces quelques collègues députés qui, un an après, continuent de les éviter physiquement ou refusent de leur serrer la main : "Ça m'arrange bien parce que je n'ai pas envie non plus d'être aimable avec eux, comme Monsieur Boyard. Tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu'ils perdent."

D'après Jean-Philippe Tanguy, l'Assemblée nationale est un tremplin vers une victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2027 après trois échecs. "C'est un défi. Je ne prétends pas que c'est fait", conclut-il.

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