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Que deviennent les anciens d'i-Télé, dont Antoine Genton, depuis la longue grève de l'automne 2016 ?

À l'automne 2016, des journalistes de la chaîne d'information i-Télé se mettaient en grève pour défendre leurs conditions de travail. Le journaliste Antoine Genton, visage principal du mouvement, s'est depuis associé avec d'anciens collègues et a lancé un média sur les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Antoine Genton, ancien journaliste à i-Télé. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Le 17 octobre 2016, c'est le début d'une longue grève à i-Télé. Les salariés, techniciens et journalistes, protestent notamment contre l'ingérence de leur actionnaire, Vincent Bolloré.

Antoine Genton, président de la société des journalistes de la chaîne d'information, va devenir le principal visage de cette grève. Il se fait le porte-parole des grévistes : "Les revendications portent sur l'indépendance, la rigueur de l'information, la rédaction d'une charte et la nomination d'un directeur de la rédaction. Nous demandons aussi la mise en retrait de l'antenne de Jean-Marc Morandini."

Antoine Genton président de la société des journalistes d'i-Télé, le 19 octobre 2016. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Grève record

Pendant 31 jours, Antoine Genton a vécu de l'intérieur le mouvement de grève. Il explique que cette période a été longue, parce qu'à certains moments "la direction ne répondait plus à nos demandes". "C'était fatigant, et en même temps assez instructif de certaines pratiques humaines et managériales", admet Antoine Genton qui explique n'avoir jamais été en contact direct avec Vincent Bolloré. "Nous avons voulu parler avec lui et cette rencontre ne nous a jamais été accordée."

Des salariés de la chaîne d'information i-Télé, en grève, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 19 octobre 2016.  (MAXPPP)

Le mouvement se termine un mois plus tard, le 16 novembre, sans que les salariés aient obtenu gain de cause. Sur 120 journalistes employés par la chaîne, une centaine d'entre eux décident de quitter i-Télé. La grève, la plus longue de l'histoire de l'audiovisuel depuis 1968, aura duré 31 jours. Huit mois plus tard, la page est tournée, d'après Antoine Genton, mais l'issue du conflit lui a laissé un goût amer : "Il y a encore de la tristesse. La manière dont toutes ces belles années à i-Télé se sont terminées, nous a rendus tristes."

Une rédaction décimée

Pendant et après le conflit, une centaine de journalistes a donc quitté la rédaction d'i-Télé. "C'était dur de voir autant de personnes, raconte Antoine Genton. Je me souviens d'une réunion... À la fin, les journalistes qui avaient choisi de partir ont défilé un par un pour annoncer leur départ et pour dire un petit mot. Ils ont cité quelques souvenirs, rappelé à quel point i-Télé avait été important dans leur vie professionnelle, et personnelle parfois. Aucun départ n'a été banal."

Des cartons de déménagement dans les bureaux de la chaîne i-Télé, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 22 octobre 2016. (AFP)

Quant à Explicite, le nouveau média lancé sur les réseaux sociaux par des anciens d'i-Télé, "il se porte bien et s'est développé au cours des derniers mois", d'après l'ancien président de la société des journalistes d'i-Télé. Antoine Genton rapporte que ce média est suivi par des dizaines de milliers de followers sur les réseaux sociaux. "Les formats permettent à ceux qui nous suivent de poser des questions directement à ceux que nous interrogeons", explique-t-il.

Fin de la chaîne i-Télé

Antoine Genton a eu un pincement au coeur quand i-Télé a disparu : "J'étais triste de voir le nom d'i-Télé disparaître. Cela ne s'arrête évidemment pas au nom, mais c'est tout ce que comporte ce nom. Il représente toutes les années depuis la création de chaîne, toutes les équipes de journalistes, techniciens, et le personnel administratif."

Le 27 février 2017, i-Télé a effectivement laissé la place à CNews. La nouvelle chaîne du groupe Canal+ a recentré ses programmes autour du sport, de la culture et du cinéma. Lors du dernier sondage Médiamétrie, CNews affichait une audience cinq fois inférieure à sa grande concurrente, BFMTV.

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