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"Amnesia" : Barbet Schroeder travaille la mémoire

Le nouveau film de Barbet Schroeder, en salles mercredi ; avec "Amnesia", autour de la naissance de la techno à Ibiza au début des années 1990, le réalisateur suisse livre peut-être son oeuvre la plus personnelle. A travers une histoire d'amour et d'amitié, Barbet Schroeder réussit à interroger sur des thèmes lourds, en premier lieu la repentance face au nazisme en Allemagne.
Article rédigé par Florence Leroy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Marthe Keller et Max Riemelt jouent deux voisins qui se lient d'amitié, à Ibiza © Les Films du Losange)

Partir, est-ce fuir ou refuser d'être complice ? Cette question traverse le nouveau film de Barbet Schroeder, Amnesia , l'histoire de Martha, installée à Ibiza dans les années 1990, après avoir fui la barbarie nazie. Intransigeante, elle refuse depuis de parler sa langue maternelle, ou d'utiliser tout objet fabriqué en Allemagne. Mais l'arrivée d'un jeune voisin, Jo, passionné de musique techno, va la bousculer. L'actrice Marthe Keller a vu dans cette histoire l'écho d'une douleur familiale : "J'ai compris que tout n'était pas noir ou blanc, en entendant une conversation entre mon père et son frère. Ce dernier lui disait ' c'est facile de partir, c'est difficile de rester !'".

Le souvenir d'un amour ancien déporté dans les camps, le choix de l'oubli pour cicatriser ses blessures... Le personnage de Martha symbolise la difficulté pour toute une génération d'Allemands, qui ont vécu la guerre, d'assumer une histoire terrible, jusqu'à être traitée de "lâche " par la mère de son jeune voisin, qui elle a choisi de rester en Allemagne.

En choisissant d'aborder cette douloureuse histoire à travers les relations tendres et ambigues entre un jeune homme et une retraitée, Barbet Schroeder donne de la force à son message. Dans un paysage sauvage à couper le souffle, où la nature domine l'homme, le cinéaste pose question, en même temps qu'il se raconte, parlant de son oeuvre la plus "personnelle ", lui qui a également choisi de ne plus parler sa langue maternelle, l'allemand.

Dans Amnesia , le nom de cette célèbre discothèque d'Ibiza dans laquelle Jo veut faire son trou, le réalisateur suisse réussit à entremêler profondeur historique et complexité des rapports humains. Il y mêle aussi ses souvenirs personnels, sa mère jouant du violoncelle, mais surtout cette maison où se déroule tout le film. Cette spectaculaire maison blanche en bord de mer où il avait tourné son premier film, More , en 1969. D'ailleurs, parallèlement à la sortie d'Amnesia , le film More ressort lui aussi en cinéma en copie restaurée, après avoir été projeté dans le cadre d'un hommage à Barbet Schroeder au dernier festival de Cannes.

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