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Culture d'été. En août 1969, il y a eu Woodstock... et le Harlem Cultural Festival, fondateur pour les Noirs américains

Oublié des livres d'histoire, le Harlem Cultural Festival, organisé dans ce quartier de New York à l'été 1969, a pourtant été l'un des premiers festivals de la communauté noire, caisse de résonance de la lutte pour les droits civiques. Le documentaire "Summer of Soul", sorti sur Disney+, veut enfin faire connaître cet événement musical et culturel majeur.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le chanteur de Sly & the Family Stone lors du Harlem Cultural Festival, en août 1969. (SEARCHLIGHT PICTURES)

Au même moment que Woodstock, en août 1969, se tenait un festival étalé sur un été entier, en plein coeur de New York. Les livres d'histoire ne l'ont pas retenu. Pourtant, le Harlem Cultural Festival est un événement fondamental pour la communauté noire aux États-Unis. Rien que l'affiche est impressionnante : Nina Simone, BB King, Stevie Wonder, Sly and The Family Stone, Mahalia Jackson, Gladys Knight, The Staple Singers.

Les bandes de l'époque ont été retrouvées il y a quelques années, et un documentaire, Summer Of Soul, vient de sortir en ce mois de juillet sur Disney+. Il raconte un été en apesanteur, à Mount Morris Park, dans le quartier new-yorkais de Harlem, de juin à août 1969. Tous les dimanches, une scène est dressée, accueillant certains des artistes noirs les plus populaires et engagés de l'époque. Stevie Wonder n'a que 18 ans, Mavis Staples pas beaucoup plus, Sly and The Family Stone retournent la foule et les consciences.

Des images enfin ressorties des cartons

C'est un festival fantastique, dont toutes les images resteront sous clé pendant 50 ans, comme un souvenir éteint, raconté dans Summer Of Soul par les spectateurs et les artistes.

Pour présenter cette histoire, les producteurs ont choisi Amir Thompson, alias Questlove, batteur des Roots, DJ, journaliste, et activiste. Il tombe de sa chaise quand il entend le son capté à l'époque.

La musique que vous entendez dans le film est celle du mix d'origine. Le son était parfait. Je n'arrive pas à comprendre comment on a pu utiliser seulement 12 micros et obtenir un son si puissant. Rien que le set de Stevie Wonder, il n'y en avait que trois pour sa batterie et un seul pour sa voix.

Questlove, batteur des Roots

"Êtes-vous prêts, peuple noir ?"

Sur scène, un an après la mort de Martin Luther King, la lutte pour les droits civiques est au coeur de chaque prestation. Il y a du gospel, du jazz, du rock, du blues, et même l'iconique révérend Jesse Jackson, ainsi que l'immense Nina Simone, qui harangue les spectateurs par des "Êtes-vous prêts, peuple noir ?".

Questlove le sait. Il existe d'autres images, et d'autres histoires de ce festival. "Il en existe six ou sept autres", estime le narrateur du documentaire. "Peut-être que ce film sera un moyen de faire sortir encore plus d'histoires", espère-t-il. "Il serait temps de comprendre que même quelque chose d'aussi anodin, en apparence, que l'un des premiers festivals noirs est très important dans notre culture."

S'il y a quelque chose qui m'obsède plus que jamais, c'est de m'assurer que notre histoire est racontée correctement.

Questlove, réalisateur du documentaire "Summer of Soul"

L'histoire retiendra Woodstock, le même été. Mais à Harlem, pendant que l'homme marchait sur la Lune, c'est tout un pan de la culture noire qui triomphait, dans un festival gratuit, dont chaque spectateur allait bientôt se demander s'il ne s'agissait pas d'un rêve.

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