Culture d'été. "Les nuits de Mashadd", un film manifeste politique contre le sexisme systémique en Iran
Le réalisateur danois d'origine iranienne Ali Abbasi évoque un tueur en série fondamentaliste qui cible les prostituées.
C'est un visage de l'Iran qu'on ne connait pas forcément, et pourtant ces faits ont vraiment existé, au début des années 2000. Un tueur de prostituées qui entend "nettoyer" selon – prétend-il – la volonté divine les rues de Mashhad, l'une des villes iraniennes les plus sacrées, située dans le nord-est du pays. Et le film raconte sa traque à la fois par la police et une journaliste venue de Téhéran.
Osé, politique, le film n'a pas été tourné dans la république islamiste mais en Jordanie et montre crûment ces féminicides se déroulant dans une société machiste et patriarcale.
"Le thème principal de ce film est cette misogynie dans la société iranienne. Qui n'est évidemment pas propre au pays, mais cette histoire en est le reflet."
Ali Abbassisur franceinfo
"Cette misogynie se ressent dans tous les niveaux de la société : politiquement, socialement, etc. Et pour moi le film évoque ce machisme dans sa forme la plus pure." déclare le réalisateur Ali Abbasi. Avec son ambiance nocturne inquiétante et remarquablement photographiée et éclairée, le duo de comédiens principaux est l'autre grande réussite de ce film : Mehdi Bajestani qui joue cet homme pieux et père de famille le jour qui se transforme en assassin psychopathe la nuit, et surtout la formidable Zar Amir Ebrahimi, iranienne aussi, qui vit en France. Au Festival de Cannes, elle a remporté le prix d'interprétation féminine.
"Il fallait raconter comme ça, être un peu violent envers le spectateur pour qu'il comprenne de quoi on parle, confie Zar Amir Ebrahimi. Ce tueur en série a existé il y a 20 ans en Iran, seize femmes ont été tuées. Et je ne sais pas comment on pourrait montrer cette violence envers les femmes avec un petit peu de censure. On est restés sur cette idée d'être radical pour transmettre ce que ces femmes-là ont vécu." Le film est intéressant aussi dans sa dernière partie, qui montre qu'une partie de la population soutenait le tueur, voyant dans ses meurtres une forme de sacrifice.
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