Adrien Gavazzi présente "Les héros du patrimoine" sur France 3 : "Avec Stéphane Bern, on s’additionne"
Le journaliste Adrien Gavazzi est bien connu du public marseillais puisqu’il présente les journaux de la locale de France 3. Désormais, il incarne aussi un magazine, "Les Héros du patrimoine". Après un premier numéro consacré au patrimoine industriel qui a rassemblé 500 000 téléspectateurs, le deuxième numéro, diffusé mercredi 13 décembre à 23h00 sur France 3, aborde le patrimoine religieux en péril. Selon les chiffres, 100 000 édifices religieux seraient menacés de disparaître. Alors comment font les amoureux de ces monuments pour tenter de les sauver lorsque l’argent manque ? C’est à cette question que le magazine tentera de répondre avant de s’attaquer dans son prochain numéro au patrimoine militaire.
franceinfo : Dès qu'on parle de patrimoine sur France TV, on pense à Stéphane Bern qui le défend depuis si longtemps. Vous vous sentez une certaine filiation avec lui ?
Adrien Gavazzi : C’est un géant de la télévision. Je ne suis rien comparé à lui. D'ailleurs, c'est drôle que vous le mentionnez parce que ce soir, en première partie de soirée est diffusé un magazine présenté par Stéphane Bern sur trois grands chefs cuisiniers du XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle. Et moi j'arrive en deuxième partie de soirée derrière lui. Nous aussi, quelque part, on va parler de cuisine parce qu'on va voir que les moines de l'abbaye de Cîteaux fabriquent du fromage. Donc quelque part, on n'apporte pas le dessert, mais le fromage après les grands chefs de Stéphane Bern et du fromage qui sert à gagner de l'argent pour restaurer le patrimoine. Stéphane Bern est quelqu'un d'exceptionnel et je trouve que plus on parle de patrimoine, mieux c'est, donc on s'additionne et c’est tant mieux.
Pourquoi est-on venu vous chercher pour cette nouvelle émission sur le patrimoine ?
Je viens d'une petite commune qui s'appelle Rimogne dans les Ardennes, une citée ardoisière. On y fabriquait des ardoises, les toits bleus. Et en face de mon école se trouvait le chevalement d'une mine. Un chevalement, c'est une espèce de grande tour par laquelle on descendait à la mine. Il y avait donc cet élément patrimonial tout rouillé, un peu fantomatique, qui faisait un peu peur quand j'étais petit, et je rêvais d'explorer ce genre d'endroits. Et c'est ce que j'ai fait après lorsque j'étais adolescent, j'ai exploré des usines, je faisais de l'urbex. Le patrimoine, c'est un truc qui me passionne, donc je crois que France Télévisions s'en est rendu compte.
Le concept des "Héros du patrimoine", c'est de partir à la rencontre de celles et ceux qui se mobilisent pour sauver des monuments, des bâtiments en péril. Mercredi, ce sont les monuments religieux qui sont à l'honneur : les églises, les cathédrales, les abbayes. La France est-elle un grand pays de patrimoine religieux ?
100 000 édifices religieux en France, c'est un record mondial après l'Italie. Donc je crois qu'on a tout dit lorsqu'on sort ce chiffre.
Combien sont en péril ?
5000 églises sont dites en péril, 500 sont en grand danger, c'est-à-dire qu'elles peuvent disparaître au cours des années à venir. Quand je dis 'disparaître', je veux dire démolies par des pelleteuses. Ça arrive tous les ans. À la Baconnière en Mayenne, par exemple, une église a été rasée parce qu'elle devenait dangereuse et les municipalités n'ont pas les moyens de les restaurer et comme ça coûte trop cher, on détruit. Et face à ça, on a des gens qui s'investissent pour éviter qu'on détruise des églises, des chapelles, des cathédrales. Alors lorsque c'est une cathédrale, ça va bien. On a vu vendredi dernier Emmanuel Macron sur le chantier de Notre-Dame. La flèche de Notre-Dame se dresse dans le ciel de Paris. Lorsque c'est une cathédrale, évidemment, on investit. Des milliards ont été mis sur la table pour Notre-Dame. Lorsque c'est une petite église d'une petite commune en Mayenne, on n'investit moins.
Vous donniez l'exemple des religieux qui fabriquent du fromage pour pouvoir payer les travaux. On imagine que ce n'est pas suffisant.
"Les moines de l’Abbaye de Cîteaux ne font pas du fromage pour payer des travaux, ils font déjà du fromage pour subsister. Et le fromage sert aussi à l'entretien courant. Mais lorsqu'on doit faire des travaux plus importants, là le fromage ne suffit pas."
Le journaliste Adrien Gavazzi, présentateur du magazine "Les Héros du patrimoine"à franceinfo
Ils doivent restaurer un bâtiment. Les moines de Cîteaux, qui s'appellent le définitoire, c'est un lieu majeur de l'histoire du christianisme, à côté de Dijon. C'est là qu'a été inventé l'Ordre monastique cistercien. Ce définitoire a besoin de 12 millions d'euros. Comment fait-on ? C'est ce qu'on va découvrir mercredi. Il y a des gens qui cherchent des financeurs. On va capitaliser sur la marque de la Bourgogne. La Bourgogne est connue dans le monde entier pour ses vins et les Américains qui connaissent la Bourgogne vont, par exemple, mettre de l'argent pour restaurer le définitoire . C'est la Fondation patrimoine qui est chargée de démarcher ces investisseurs. On a plein de moyens pour essayer de trouver de l'argent, mais c'est quand même un peu de la débrouille.
Parmi les héros du patrimoine que vous mettez en valeur dans votre reportage, il y a beaucoup de jeunes. C'est étonnant, il n'y a pas que les anciens finalement qui sont attachés au patrimoine.
Le patrimoine, c'est quelque chose qui rassemble les générations. Le prochain numéro portera sur le patrimoine militaire. On tournera en Normandie et on va notamment tourner sur un chantier à Saint-Vaast-la-Hougue, une commune du Cotentin où se trouve un fort érigé par Vauban au XVIIe siècle. Il y a une association qui regroupe 200 membres, c’est énorme, qui travaillent à la restauration de cet édifice et parmi ses adhérents, il y a un général des armées et il y a des jeunes de 16, 17, 18 ans qui apprennent la maçonnerie sur le chantier. Le patrimoine c'est quelque chose qui rassemble les Français au sens large.
Vous avez plein d'idées, les audiences du premier numéro étaient très bonnes avec 500 000 téléspectateurs à 23 heures, est-ce que la chaîne est contente ?
C'est le record annuel. J'imagine, j'espère ! Je suis absolument ravi. Je n'aurais pas cru qu'on allait faire une telle audience. Je me doutais bien que ça allait intéresser les gens parce qu'il y avait une attente.Il y a vraiment une attente des gens et le but de cette émission, c'est aussi de constituer un réseau de héros, d'être dans une espèce d'horizontalité avec des spectateurs. On s'est rendu compte que lorsqu'a été diffusé, le premier numéro, les téléspectateurs m'ont adressé des messages disant : "Venez chez moi, j'ai une église en péril face à ma maison. Il y a tel bâtiment qui va être rasé, etc." Donc il y a une attente. Je savais que ça allait pouvoir marcher un peu, mais je ne pensais pas à ce point. J'espère que ça va marcher encore plus !
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