Booder détourne les clichés dans le téléfilm "Le Nounou" : "J'ai voulu être ce Tony Micelli de la blague"
Booder est un humoriste et comédien franco-marocain. Fort de nombreux rôles au cinéma et au théâtre et de nombreuses participations dans des émissions de télévision, celui qui a écrit une autobiographie intitulée Un bout d’air (Hugo Doc) devient un nounou. Dans le téléfilm, Le Nounou, diffusé lundi 26 février à 21h10 sur TF1, Booder incarne Samir, un gars des cités, entraîneur de foot qui vit encore chez sa maman et qui, lorsqu’elle tombe malade, doit la remplacer auprès des enfants dont elle s’occupe depuis une dizaine d’années. Une série pleine d’humour dans laquelle Booder a participé à l’écriture et tape sans hésitation sur des préjugés comme le physique, le milieu social ou pointe des faits de société tel le harcèlement scolaire. "Ma guerre, c'est le vivre ensemble, c'est très important", explique-t-il. TMC diffusera aussi son dernier spectacle Booder is back mercredi soir.
franceinfo : "Le Nounou", c'est 'est quand même un peu vous ce portrait ?
Booder : Oui. Il n'est pas sans emploi. Il est entraîneur de foot et travaille deux jours par semaine et cela lui va très bien. Sa vie est cool, il est heureux comment il est. Et un jour, sa maman tombe malade et sa vie bascule. Elle lui demande de la remplacer pendant 15 jours chez les Berthier chez elle travaille depuis 10 ans en tant que femme de ménage et aide aux devoirs.
Le personnage vous ressemble un peu, le foot, c'est un peu votre vie
Bien sûr ! Dans le personnage de Samir, il doit y avoir 60% de Booder. Je suis entraîneur, je combats le harcèlement scolaire, les préjugés, j’œuvre pour le vivre ensemble. Tout ça, c'est dans le personnage.
L'autodérision fait partie de Booder. Par exemple, lorsqu'on vous voit arriver chez ce couple et qu'il commente votre visage avant de vous ouvrir. L'un est chirurgien esthétique et vous propose d'arranger les choses et vous lui répondez : "C'est l'histoire de ma vie, ça". Il fallait forcément mettre ça dans une série !
Oui, il y a des vannes qui ont fait partie de moi via l'autodérision, via les spectacles que j'ai fait et donc, je trouvais ça assez marrant de se moquer de soi-même pour pouvoir faire rire les autres.
Comment est née cette idée de téléfilm ? J'ai eu l'impression en vous regardant, que vous réalisiez votre rêve. Vous avez dit : "Un jour, j'aimerais bien jouer pour Francis Veber, un monsieur Pignon", et j'avais l'impression que vous étiez un peu le Pierre Richard dans Le jouet.
Je crois que c'est la plus belle chose qu'on pourrait me dire parce que moi, j'ai grandi avec ces films-là, j'ai grandi avec ces personnages qui sont un peu autrement que les autres, un peu simplets aussi, et qui font rire juste en apparaissant à la télé. Il y a forcément cette culture-là. L'idée est née du fait que quand j'étais petit, j'étais un fervent enfant de la télé, j'ai consommé du Madame est servie, du Prince de Bel Air , Une nounou d'enfer, ou plus récemment Joséphine, ange gardien et j'ai voulu développer un personnage de nounou. C'est très rare les nounous hommes. Ce sont souvent des jeunes filles étudiantes ou des femmes. Mais les hommes, nounous, c'est très rare et j'ai voulu être ce Tony Micelli de la blague.
C'est un téléfilm dans lequel vous vous moquez aussi des préjugés. Par exemple, il va faire du foot avec ces enfants dans une banlieue et évidemment, la station de RER est fermée. Ou alors le couple ne veut absolument pas que leurs enfants, jouent au football parce que c'est un sport homophobe. Vous jouez avec les clichés ?
Je les détourne. J'essaie de ne pas les grossir, ni de faire de la caricature, que ce soit pour le couple ou que ce soit pour Samir ou que ce soit pour la cité dans laquelle il habite. Parce que je veux un peu dénoncer les préjugés qu'on a envers les autres.
"Le fait de ne pas se connaître, de ne pas se rencontrer, peut créer une peur et peut même nous pousser à devenir racistes. Je me bats contre ça. Ma guerre, c'est le vivre ensemble, c'est très important."
Booder, comique de stand up et comédienà franceinfo
Il y a aussi des choses très jolies comme la référence à Cyrano de Bergerac. Vous apprenez à ces enfants qu'il existe quelqu'un qui n'est pas très beau et qui fait sa déclaration d'amour à travers quelqu'un d'autre. Comment cela vous est venu ?
C'est très important. Je le joue déjà dans mon spectacle. Moi, quand j'ai découvert Cyrano, j'ai découvert le monde, je me suis dit : ce mec a cette autodérision qui est tellement forte ! Et c'est ce que j'explique à ce gamin qui subit du harcèlement scolaire. Je lui dis : tiens, lis Cyrano, ça va t'aider. Je pense que ce sont des choses qu'on devrait étudier à l'école.
Est-ce un personnage que vous aimeriez reprendre ? En fait, il fait un peu penser à une "Super Nanny" homme.
Il y a un peu de ça. J'étais proche et pote de Cathy qui nous a quittés, la première "Super Nanny". On se connaissait très bien. Et donc oui, je vois ces émissions, je vois la galère dans laquelle sont les familles et je trouvais ça marrant d'en parler et d'en parler avec beaucoup d'émotion.
Que pouvez-vous apporter de plus qu'une "Super Nanny" ?
Sur le rôle du nounou, c'est surtout d'essayer de régler les problèmes qu'on pourrait avoir. Le but de cette fiction, c'est que ça devienne une série, ce serait mon rêve et que Samir intervienne auprès de plein de couples et plein de familles pour régler les problèmes.
Vous vous intéressez vraiment à l'éducation puisque votre prochain one man show que vous débuterez en septembre octobre tournera autour de ça. De quoi allez-vous parler ? De l'uniforme par exemple ?
Je ne sais pas encore de quoi je vais parler, mais je vais surtout parler de l'école parce qu'elle est en perdition, parce que les bases d'un pays sont l'école et la santé. Et dans ces deux bases, en ce moment, ça ne va pas. Je vais peut-être comparer mon école à celle de mon fils aujourd'hui, ma manière d'apprendre à celle de mon fils. Parler un peu de tout ça, oui, peut-être de l'uniforme, ça pourrait être un de mes sketches, oui.
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