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Paris 2024 : l’Arcom alerte sur les risques de harcèlement en ligne des athlètes durant les JO
Laurence Pécaut-Rivolier est membre du collège de l'Arcom, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, qui sortira mardi 23 janvier 2023, son baromètre de la consommation des programmes sportifs à la télé et à la radio. En exclusivité pour franceinfo, elle évoque la place du sport féminin dans les médias et celle du parasport avec en ligne de mire les Jeux Paralympiques de Paris, formidable vitrine pour tous les athlètes. Point très inquiétant, "53 % des internautes nous disent que quand ils regardent le sport, ils n'hésitent pas à faire des commentaires négatifs c’est-à-dire des critiques, mais aussi des insultes", précise Laurence Pécaut-Rivolier.
franceinfo : Vous nous dévoilez les premières tendances en exclusivité sur franceinfo du baromètre de la consommation des programmes sportifs. Parlons d'abord du sport féminin. L'Arcom est très engagée sur ce sujet puisque vous organisez par exemple l'opération "Sport féminin toujours" chaque année pour inciter les médias à mettre en valeur les sportives. Les Français sont-ils, d'après votre étude, vraiment intéressés par le sport féminin ?
Laurence Pécaut-Rivolier : De ce qu'ils disent, oui, puisque 55% d'entre eux répondent qu'ils ont déjà regardé du sport féminin, ce qui représente une portée importante, même si on est à 73% pour les spectateurs de sport en général, donc il reste un petit décalage. Et même si c'est peut-être le décalage le plus important, quand ils disent qu'ils regardent le sport féminin, ils le regardent avec une fréquence bien moindre que quand ils regardent le sport masculin.
Ils suivent plutôt des compétitions sportives ponctuelles, pas celles qui se déroulent tout au long de l'année comme la Ligue des champions par exemple.
C'est un peu ça. Ils sont intéressés quand il y a des grands événements. Et encore plus quand les équipes féminines remportent des compétitions. On est effectivement encore dans l'événementiel. Ça tient à la fois probablement au fait que ça arrive plus doucement que sur le sport masculin. Cela tient peut-être aussi à la responsabilité des médias eux-mêmes, en ce qu'ils mettent peut-être un peu moins à l'écran les événements sportifs réguliers.
On sent qu'il y a un réel engouement autour du sport féminin depuis quelque temps. Les diffuseurs ont constaté que cela faisait de l'audience, je pense à la récente Coupe du monde de foot cet été. Est-ce que cela se confirme dans vos études ?
On n'a pas les chiffres récents. On avait des chiffres très inquiétants qui remontaient à 2018 / 2021, où on avait un taux de retransmission du sport dit 'féminin' qui était de 4,8 %, à comparer aux 73 % de retransmissions de compétitions masculines. Donc le gap était énorme. On pense qu'on est largement remonté, et on va voir des études bientôt sur ce point.
"À chaque fois qu’il y a de la retransmission de sport féminin, notamment des grands événements, l'audience est là. C'est vraiment un message à faire porter parce qu'il ne s'agit pas juste de mettre du sport féminin pour mettre du sport féminin ou pour mettre de la diversité. L'audience est là. "
Laurence Pécaut-Rivolier, membre du collège de l'Arcomà franceinfo
Le parasport est un autre aspect du baromètre qui sortira mardi. Même question que pour le sport féminin, quelle part de Français suive du handisport ?
Alors là, on est dans les 47%. Sachant qu'on avait 55% pour le sport féminin et 73% pour le sport en général. Mais 47%, c'est énorme parce qu'on vient de plus loin. Le parasport, c'est quand même beaucoup plus récent et il est mis à l'antenne en général au moment des Jeux Olympiques et Paralympiques.
C'est la meilleure vitrine pour le parasport ?
C'est comme ça qu'il est apparu déjà historiquement. Et effectivement, c'est une très belle vitrine et là, lorsqu'on a interrogé les Français sur leur intention de regarder les Jeux Olympiques, ils nous disent qu'à 67%, ils vont les regarder et à 60% les Jeux Paralympiques !
Vous croyez à ces chiffres ? Sont-ils crédibles ?
D'abord, j'ai envie d'y croire parce que cela fait plaisir. Et ensuite, il n'y a pas que ça.
"Les taux d'audience au moment des Jeux Paralympiques sont extrêmement importants. Mais en revanche, ce qui nous nous fait souci, c'est qu'en général ça retombe après. On voudrait que ce ne soit pas juste à ce moment-là et que cela rentre dans les mœurs."
Laurence Pécaut-Rivolier est membre du collège de l'Arcomà franceinfo
France Télévisions sera le diffuseur exclusif gratuit des Jeux de Paris Olympiques et Paralympiques. FTV diffusera pour les Paralympiques, 300 heures d'épreuves en direct, mais ce n'est pas au niveau de ce qui sera fait pour les J.O. Là, toutes les antennes de France TV seront quasiment là-dessus sur les J.O. 24 h sur 24, sept jours sur sept. Ce dispositif pour les Paralympiques est-il à la hauteur selon l'Arcom ?
Il y a la rediffusion des événements, mais il y a aussi toutes les émissions autour, donc de toutes les autres chaînes. Nous, ce qu'on voudrait vraiment, c'est que tout le monde ait envie de regarder le parasport, y compris dans les commentaires qu'on en fait. Est-ce que c'est à la hauteur ? On aura 4000 athlètes parasportifs qui vont être là. Plus on en fait, mieux c'est. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a jamais eu un tel dispositif donc c'est quand même une grande première.
Comment L'Arcom peut agir pour qu'il y ait davantage de parasport à la télé en dehors des Jeux ? Quels leviers avez-vous ?
On a le levier des études et c'est pour ça qu'on en réalise beaucoup. On a déjà réalisé une étude en septembre sur l'investissement des documentaires sportifs sur le parasport et on a constaté que ça a augmenté. On fait levier en essayant de stimuler par des études, en mettant les chiffres sur la table et ensuite en dialoguant avec les médias, qu'ils soient médias classiques, mais aussi les nouveaux médias que nous avons dans notre escarcelle de contrôle, c'est-à-dire les médias numériques dans leur intégralité. Et on essaye de montrer que ça doit être maintenant un enjeu pour tous.
Dernier point que je souhaite évoquer avec vous, c'est la haine en ligne, parce qu'elle concerne aussi évidemment les sportifs. Vous publiez dans ce baromètre des chiffres surprenants et très inquiétants. Beaucoup d'amateurs de contenus sportifs disent avoir déjà publié des messages négatifs.
C'est quand même un des enseignements auxquels on ne s'attendait pas nécessairement de ce baromètre. D'ailleurs, c'est la première fois qu'on s'intéresse à la question des réseaux sociaux. Donc un tiers des Français regardent le sport sur les réseaux sociaux et la manière dont ils regardent les sports est complètement différente puisque du coup, ça devient interactif. Ils activent. 50% d'entre eux disent qu'ils font des commentaires. Heureusement, pour beaucoup ce sont des commentaires positifs, ce sont des like, des retransmissions.
"On a quand même 53 % des internautes qui nous disent que quand ils regardent le sport, ils n'hésitent pas à faire des commentaires négatifs c’est-à-dire des critiques, mais aussi des insultes. C'est un signal d'alerte que nous voulons mettre sur la table pour que les plateformes et l'ensemble des acteurs se responsabilisent sur le sujet."
Laurence Pécaut-Rivolier, membre du collège de l'Arcomà franceinfo
Les Français, et notamment les jeunes se disent : "Finalement, ces sportifs l'ont bien mérité puisqu'ils sont célèbres", c'est la rançon de la gloire...
C'est ce qui ressort de l'étude. Effectivement, le portrait-robot de celui qui met un message, c'est le jeune entre 15 et 34 ans et plus particulièrement celui entre 15 et 24 car il sait interagir. Alors, il y a une ambivalence, ils nous disent : "Il faut protéger les athlètes", ils en sont tous convaincus, mais en même temps, quand on est célèbre, on peut s'attendre à avoir ce type de message. Donc c'est sur le travail sur la citoyenneté numérique, qu'il y a probablement beaucoup à faire.
C'est un enjeu important des Jeux cet été ?
C'est un énorme enjeu. On a justement réuni l'Observatoire de la haine en ligne qui se tient à l'Arcom et qui réunit à la fois les plateformes, les institutionnels et les associations pour commencer à réfléchir là-dessus et avoir une vraie prévention et j'ose le dire, faire un vrai travail de rééducation parce que c'est une nouveauté.
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