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La série documentaire "Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps" permet une immersion dans l’affaire Le Roux-Agnelet et ses 37 ans de procédures

La chroniqueuse Pascale Robert-Diard et le documentariste Rémi Lainé signent une passionnante série documentaire sur Arte en trois épisodes autour de la mystérieuse disparition d’une riche héritière à Nice en 1977, Agnès Le Roux.
Article rédigé par franceinfo - Laurent Valière
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Maurice Agnelet arrive au palais de justice de Rennes, dans l'ouest de la France, le 11 avril 2014. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au Monde et Rémi Lainé, reporter et documentariste. Tous deux se penchent mardi 26 septembre à 20h50 sur Arte sur l’affaire Agnès Le Roux-Agnelet, riche héritière de la Côte d’Azur, disparue en 1977 et dont le mari Maurice Agnelet, avocat, a fini par être condamné pour son assassinat après un ultime rebondissement à son troisième procès en 2014. Un feuilleton judiciaire en trois actes, couvrant 37 ans de mystère et de procédures que les auteurs ont alimenté de témoignages exclusifs de deux de ses fils que tout oppose ainsi que d’enregistrements personnels.

franceinfo : Le point de départ, Pascale Robert-Diard, c'est l'écriture d'un livre "La déposition" aux Éditions L’Iconoclaste en 2016 pour lequel vous écrivez à un des fils, Guillaume Agnelet. 

Pascale Robert-Diard : Effectivement, j'ai écrit à Guillaume Agnelet, après que ce garçon que j'avais vu défendre son père aux deux premiers procès, a demandé à être entendu une troisième fois devant la troisième cour, pour cette fois déposer un secret de famille. Je voulais comprendre ce qui se passait dans la tête de ce fils qui était un homme de 45 ans, et comprendre la deuxième tragédie qui était liée à cette affaire. 

Ce fils qui dit que c'est son père qui a tué Agnès Le Roux. 

Pascale Robert-Diard : Ce fils qui accuse son père, après l'avoir défendu aux deux premiers procès. Ce qui est surprenant, c'est qu'il me répond. Je pense qu'il avait sans doute besoin de parler. La deuxième fois qu'il parle, c'est dans le film qu'a réalisé Rémi Lainé. 

Rémi Lainé, était-ce facile de faire parler Guillaume Agnelet devant la caméra ? 

Rémi Lainé : C'est tout un chemin, mais qui a été exploré par Pascale parce qu'effectivement elle a établi un premier récit qui nous a permis d'avoir un fil directeur dans notre travail documentaire. Non, cela n'a pas été facile parce qu'il y a deux frères qui s'opposent dans cette histoire. 

"Maurice Agnelet avait trois fils. Un est décédé et dans les deux survivants, l'un a fini par trahir son père et l'autre lui est resté fidèle."

Rémi Lainé, chroniqueuse judiciaire au "Monde"

à franceinfo

Il fallait très clairement les associer tous les deux au film, mais c'est compliqué parce qu'ils ne sont pas du tout d'accord, ils se haïssent même. Donc nous y sommes allés pas à pas en disant systématiquement ce que l'on faisait et ce que l'on allait faire. Il était tout à fait possible de ne pas être d'accord, de s'opposer et pour peu que la parole de chacun soit respectée, on pouvait raconter une histoire et chacun pouvait garder sa vérité. 

Vous avez rencontré toutes les parties, celle d'Agnès Le Roux, celle de Maurice Agnelet et votre documentaire est aussi un portrait en creux de Maurice Agnelet. C'était un gourou, il avait sous emprise plein de gens. 

Rémi Lainé : Les méchants sont toujours plus séduisants en documentaire que les gentils ! Maurice Agnelet était fascinant. La vie ne l'avait pas ménagé, on va le découvrir dans la progression de notre film, il était un immense manipulateur, mais qui avait cette particularité de laisser des traces. Il enregistrait toutes ses conversations, que ce soit dans son cabinet, que ce soit les conversations téléphoniques et il a même laissé une trace quand même assez précieuse pour nous, c'est qu'il s'est entraîné à se défendre face à son fils qui finira par le trahir et qui lui-même le filmait. On a récupéré toutes ses bandes et on a une espèce de making off dans lequel on voit Guillaume commenter ce qui se passe dans sa tête au moment où il filme son père. 

On entend même, une conversation entre Agnès Le Roux et Maurice Agnelet. 

Pascale Robert-Diard : Elle était complètement folle amoureuse de lui. Cette voix-là a été diffusée aux procès à Nice, à Aix-en-Provence puis à Rennes. Ce moment-là, dans la salle d'audience, je peux vous dire que sur les jurés, ça a un impact incroyable parce qu'on l'entend. On la voit, cette femme amoureuse, on la voit complètement dépendante, complètement amoureuse, malheureuse. Et on le voit, lui, très méprisant en fait.

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