"Mediapart est un journal anti-impérialiste, antiautoritaire et anticolonialiste", souligne sa nouvelle présidente

Carine Fouteau prend la suite d’Edwy Plenel à la tête du quotidien numérique Mediapart et promet de poursuivre le travail d’information. "C'est par nos révélations qu'on fait la différence", dit-elle.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Carine Fouteau présidente de Mediapart, le 15 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Carine Fouteau est la nouvelle présidente de Mediapart, le quotidien numérique fondé en 2008 par Edwy Plenel à qui elle succède. Il a quitté ses fonctions jeudi 14 mars, même s’il est prévu qu’il continue à écrire pour le journal. 

Mediapart ouvre donc une nouvelle page avec à sa tête, non pas une, mais quatre femmes puiqu’aux côtés de Carine Fouteau, il y a Cécile Sourd, directrice générale, Valentine Oberti et Lénaïg Bredoux, codirectrices éditoriales. Une succession préparée depuis deux ans et qui s’inscrit dans cette volonté qu’a toujours eu le journal d’assurer des vraies conditions d'égalité femme - homme sur les salaires, sur la progression de la carrière, sur le recrutement, tout en cultivant son intérêt sur les questions de genre en créant notamment le premier poste de Gender editor. "On a été les premiers à ouvrir ce champ d'investigation avec notre enquête sur Denis Baupin qui remonte à 2016, soit un an et demi avant le début du mouvement #MeToo. Cette enquête a vraiment ouvert un champ d'investigation et toute la presse ensuite s'en est emparée", explique-t-elle. 

Mediapart fête aussi ses 16 ans. Considéré, à l’époque, comme un pionnier dans le paysage médiatique par son modèle économique sans publicité et sur abonnement, la nouvelle présidente asure qu’en quittant en 2008 le journal économique Les Échos au moment de son rachat par LVMH, elle ne s’est pas posé trop de questions pour intégrer la rédaction de Mediapart."Edwy m'a tout de suite parlé de ce projet qui était assez à contre-courant à l'époque, de faire le pari de la valeur de l'information et donc de l'abonnement. Le projet était simple : l'indépendance totale. Indépendance économique, qui garantit notre indépendance éditoriale et faire le choix des révélations, de l'investigation". 

Sortir des "Informations exclusives que les autres n'ont pas"

Pari gagné aujourd’hui puisque Mediapart comptabilise 220 000 abonnés et fait 22 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le journal numérique est rentable depuis 13 ans, ce qui est assez. "C'est une exception", souligne Carine Fouteau, elle compte bien faire perdurer ce succès en ne changeant rien à la ligne éditoriale qui sera toujours "centrée sur des valeurs d'égalité, de probité, de justice sociale, de transparence dans la vie publique et de nous assurer que nous vivons tous dans un monde habitable pour tous et toutes". "Peut-être, en temps de guerre, c'est important de dire qu’on est un journal anti-impérialiste, antiautoritaire et anticolonialiste", ajoute-t-elle. 

Mediapart est un journal militant ? "Mediapart est un journal engagé", répond Carine Fouteau. "Nous sommes du côté du droit de savoir. On n'est pas militants parce qu'on est d'aucun camp, ni d'aucun parti, ni d'aucune organisation d'aucune sorte. On peut enquêter sur n'importe qui, on l'a démontré dans notre histoire, on a enquêté aussi bien sur des personnalités de droite que de gauche". La nouvelle présidente va poursuivre le travail engagé par Mediapart en continuant à sortir des "Informations exclusives que les autres n'ont pas" tout en affirmant la singularité de Mediapart en faisant une "contre-programmation par rapport à l'agenda tel qu'il est fixé dans l'espace public".

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