Cet article date de plus de deux ans.

Opération "Sport féminin toujours" : "L'enjeu fondamental est d'inciter les petites filles à aller s'inscrire dans un club de sport", plaide Nathalie Iannetta

Pour inciter les diffuseurs à leur donner davantage de visibilité, l’Arcom et le ministère des Sports organisent, cette semaine, l’opération "Sport féminin toujours".

Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio France. (CAPTURE D'ECRAN)

C’est un chiffre en hausse mais encore très insuffisant. À peine 20% des retransmissions sportives à la télé sont des compétitions féminines. Alors que le public est demandeur.

En 2019, un sondage Odoxa révélait que huit Français sur dix voulaient voir davantage de sports joués par des femmes. D’ailleurs, les audiences prouvent cet engouement : jusqu’à 12 millions de personnes avaient suivi les matches des Bleues au Mondial de foot en 2019, la finale des championnats du monde féminins de handball avait attiré l’an dernier 4,3 millions de téléspectateurs. Mais les chaînes restent frileuses.

D’où l’opération initiée en 2014 par le CSA devenu l’Arcom, auquel s’associe désormais le ministère des Sports : "Sport féminin toujours". Tout cette semaine, les médias sont incités à donner plus de visibilités aux sportives de haut niveau. "C’est gadget et en même temps c’est essentiel de lancer cette opération. Même si le sport féminin n’existe pas ! Même les autorités malheureusement tombent dans ce piège sémantique." regrette Nathalie Iannetta, la directrice des sports de Radio France.

"L'enjeu fondamental de médiatiser les performances sportives féminines, c'est d'ouvrir la pratique au plus grand nombre et notamment inciter les petites filles à aller s'inscrire dans un club de hand, de tennis, de foot, de rugby, de volley, de tout ce qu'elles veulent."

Nathalie Iannetta

sur franceinfo

"Plus elles auront des modèles inspirants et plus elles auront envie de pratiquer le sport et, du coup, de fournir ce fameux réservoir de sportifs de haut niveau qui ensuite vont récolter des médailles, que ce soit aux Jeux olympiques ou lors de Coupes du monde ou d'Euro." déclare Nathalie Iannetta.

"Il faut du temps pour changer les mentalités"

Cette semaine, franceinfo va mettre en valeur les performances de nos sportives : "Ce matin, (lundi 14 février) nous avons eu en direct Gabriella Papadakis qui, avec son compère Guillaume Cizeron, a enfin remporté une médaille d’or olympique. On a préféré donné la parole à Gabriella. On va aussi faire un petit bilan de la Coupe du monde du foot féminin, on va parler de la spécificité de la maternité pour les athlètes, on aura des invités comme Nathalie Péchalat, l'une des rares présidentes de Fédération (sports de glace). Cette année, franceinfo diffusera également l’Euro féminin de foot, le Tour de France féminin…", souligne Nathalie Iannetta.

La ministre Marlène Schiappa a proposé il y a quelques mois d’instaurer la parité : 50% des retransmissions sportives pourraient être consacrées aux compétitions féminines. Nathalie Iannetta n’est pas favorable à cette idée de quotas : "Ça veut dire d'abord que vous allez retirer d'autres compétitions. La France n'est pas un pays de sport. Je me tue à le répéter. Ça me désole, mais c'est comme ça. Donc, les antennes ne sont pas extensibles sur le sport. Du coup, ceux qui sont en difficulté de visibilité vont eux aussi trinquer. Je crois que l'exemplarité, elle passera par une amplification de la visibilité des sportives de haut niveau au titre de ce qu'elles sont, c'est à dire des immenses championnes. Et il faut du temps pour changer les mentalités.", conclut Nathalie Iannetta.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.